Bio : développer l’amont

Avec des voyants plus que jamais au vert en termes de consommation (8,373 milliards d’euros en 2017 en France, soit une croissance de prè̀s de 17 % en un an) et une augmentation du nombre d’exploitations de 12,5 % dans les P.-O. en un an, le bio n’en finit plus de décoller. Certaines filières nécessitent un important développement de l’amont (le vin, la viande, les fruits et les légumes en circuit long) pour répondre aux marchés.

Dans les Pyrénées-Orientales, on compte 668 exploitations AB (chiffre 2017), soit une augmentation de 12,5 % en un an. Ces agriculteurs représentent 16,3 % de la totalité des exploitants du département. Quant à la SAU, elle a augmenté de 23,7 %. Ce sont 25 % de la SAU des P.-O. qui sont exploités en bio. Les P.-O., troisième département bio de France… Cocorico ? Pas tant que ça. “Si ce pourcentage est élevé c’est parce que, hélas, l’agriculture d’une manière générale a dégringolé” signale le directeur du CIVAM bio Patrick Marcotte. Reste que, depuis 2005, le nombre de producteurs bio est passé de 179 à 668, et la superficie labellisée et en conversion de près de 5 000 ha à près de 19 000 ha. À ce train-là, risque-t-on l’engorgement, en particulier sur le schéma historique de maraîchage en circuit court ? “On se dit qu’un à moment ça va forcément saturer ! Mais non, je n’ai pas d’échos de ce côté” assure Patrick Marcotte pour qui il serait aussi temps de “ne plus réduire le bio aux circuits courts”. Les circuits longs sont en pleine tentative de structuration, afin de ne pas voir filer les marchés du côté de l’import, à l’image du projet Bio Leg Roussillon, qui réunit trois opérateurs, le transformateur Prosain, le grossiste de Saint-Charles Alterbio et la coopérative Teraneo et est accompagné par les institutions. Le concept (déjà évoqué dans l’Agri) : mener une politique de développement de l’approvisionnement en local, s’il le faut en faisant du portage foncier pour permettre à des producteurs de s’installer ou développer leur activité. Objectif, mobiliser 120 à 150 ha sur le périmètre Elne-Saint-Cyprien-Argelès sur Mer.

Bio Leg Roussillon : dispositif “terres incultes” en 2019
Prochaine étape : “sous l’autorité préfectorale, on va activer le dispositif Terres incultes, qui permet d’obliger les propriétaires de terres en friches à les cultiver, les mettre en location ou les vendre. La procédure devrait être activée dans le courant du premier trimestre 2019.” Autre chantier à venir, le développement du sourcing bio en viande.

Booster la marque Tendre d’Oc
“La marque Tendre d’Oc, qui existe depuis quelques années, est pour l’instant surtout utilisée par l’association des éleveurs bio de l’Aude. Au niveau régional, nous allons développer la communication autour de cette marque à partir de 2019. Dans les magasins spécialisés, la boucherie bio devient à l’image d’une boucherie traditionnelle.” Autre segment, et pas des moindres, pour lequel la marge de progression afin de satisfaire les marchés reste conséquente : le vin. La demande du consommateur est telle que Sud Vin Bio a récemment mis en place un logo destiné à repérer les produits en cours de conversion.

Le vin, une progression à deux chiffres
Et là non plus, selon Patrick Marcotte, pas d’essoufflement en vue côté amont : “je pensais qu’on avait fait un peu le tour des vignerons susceptibles de passer en bio mais ça continue. Je pense notamment à deux domaines qui avaient hésité à franchir le pas et qui se sont convertis juste avant les vendanges.” La démarche du groupement de commercialisation Vignerons Catalans, pour inciter aux conversions, est aussi un signe fort en faveur de ces marchés en plein développement : la croissance annuelle de consommation est de 20 %… Elle grimperait même à 25 % en 2018(1).

Fanny Linares

(1) 3W.Relevanc / Europe 1.

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