Syndicalisme et politique : l’inquiétant mélange des genres
À bien y regarder que reste-t-il des mouvements syndicaux ? Quand certains se permettent, en évoquant une récupération politique, de critiquer des initiatives citoyennes comme celle organisée le 17 novembre. Peut-être tout simplement car la paternité de l’action échappe aux cadres de ces syndicats, quelques-uns n’hésitent pas à apporter un jugement moral là où la solidarité devrait prévaloir sur la division. Quelle suffisance et quel manque de respect pour celles et ceux qui, apolitiques ou pas, emprunteront ce jour-là le chemin de la contestation. Et quel manque de lucidité quand, à la remise en question salutaire, ils préfèrent la critique délétère. Une tendance hégémonique qui gravite également dans les rangs du syndicalisme agricole où, sur un tout autre sujet, le premier vice-président de la FNSEA cède, comme bon nombre de ses prédécesseurs aux sirènes de la politique (voir article dans l’Agri) alors que la cogestion entre le syndicalisme à vocation générale et la perméabilité des réseaux politiciens est de plus en plus contestée. Une maladresse de plus qui nuit à l’image de celles et ceux qui sont contraints de ferrailler avec le législateur pour obtenir des avancées, mêmes minimes, en relayant les revendications exprimées par leurs bases.
Dans un monde ou les contrepouvoirs se raréfient
Dire, comme sont déjà en train de le faire certains en lisant ces lignes, qu’il faut pourtant composer avec le pouvoir pour obtenir gain de cause relève de la mystification. Car, dans un monde où les contrepouvoirs se raréfient, le déclin, la complaisance, voire la compromission des mouvements syndicaux font le jeu des gouvernements successifs. Ces gouvernements qui jaugent la capacité d’indignation à l’aune des portions congrues. Que dire également de ces syndicats agricoles financés par les Chambres d’agriculture et dont les présidents se retrouvent à la barre des tribunaux (voir page 4). Quel discrédit pour la fonction consulaire et pour la défense de la profession.
À cela rajoutons ce communiqué que vient de nous adresser la Confédération paysanne. Un communiqué syndical où une conseillère régionale en charge du dossier agricole est citée, prend la parole et figure même au premier plan de la photo parmi celles et ceux qui tiennent la banderole (voir page 7). Bon, me direz-vous, la dame est apparentée avec celui qui conduit la liste aux élections Chambres et fut, avant d’être élue à la Région, responsable départementale et nationale pour ce syndicat. Mais là encore que faut-il en déduire ? Si ce n’est que, sans se soucier le moins du monde du mélange des genres, une élue de la République s’invite au débat syndical et consulaire. Peut-être, tout simplement, car nous vivons une époque où celles et ceux qui sont aux responsabilités n’ont plus tout à fait les pieds sur terre !