Ailleurs dans les vigne du monde – août 2021 [par Yann Kerveno]

Chers flacons

Les chauvins diront que les vins les plus chers du monde sont forcément français. Ils n’ont pas tout à fait tort puisque les bouteilles étiquetées Romanée-Conti s’échangent souvent pour des centaines de milliers d’euros dans les salles d’enchères les plus prestigieuses du monde. Mais certaines marques étrangères s’en sortent pas mal du tout, comme l’australienne Penfolds. Une vente organisée fin juillet devait permettre à une bouteille de Penfolds Grange (Hermitage Bin 1 Shiraz) d’atteindre 130 000 dollars australiens (82 000 euros). Et pourquoi donc ? Parce que Penfolds est une des marques emblématiques du pays et que la bouteille est historique, faisant partie du tout premier millésime, trois ou quatre barriques tout au plus du cru 1951 et qu’on ne sait pas exactement combien il en reste en circulation dans le monde. Et enfin, qu’elle a été rebouchée en août 1988.

Rosé cher et mondain

Puisqu’on parle de vins chers, Gérard Bertrand a organisé une petite sauterie, fin juin, au Clos du Temple, le chai construit pour héberger la production du “rosé le plus cher du monde”, lancé en 2019. Au détail, une bouteille coûte environ 190 euros. L’affaire est racontée par le site “The Buyer” qui y dépêcha sa spécialiste des rosés, Elizabeth Gabay pour prendre part à la dégustation verticale des trois premiers millésimes du Clos du Temple. Ses conclusions ? Qu’il y a une grande variabilité selon les années, avec plus d’intensité en 2019 qu’en 2018 et que le cru 2020, avec sa couleur presque jaune pâle, ne relève pas de la catégorie des vins “faciles à boire avec ses amis” et qu’il faut être connaisseur. CQFD.

Se protéger des contrefaçons

Revenons en Australie dont les vins sont souvent contrefaits, en particulier en Chine, même si, vous le savez, le commerce entre les deux pays est, pour l’heure, quasi interrompu. Pour protéger leurs vins, les autorités australiennes ont mis en place, depuis le premier juillet, un système permettant de tracer les vins. Appelé Export Label Image Search System (Eliss est son petit nom), il permet à n’importe quel acteur de la filière, du détaillant au consommateur en passant par les importateurs, de savoir quand la bouteille a été exportée et par qui. Avec une seule limite, la base de données qui permet ces vérifications ne prend en compte que les vins exportés à partir du 1er juillet 2021.

Repousser la maturité

Et si l’on retardait la maturation pour préserver la qualité des vins ? C’est l’idée de base de la recherche menée par des chercheurs australiens et l’industriel E&J Gallo sur des vignes californiennes. L’idée étant de diminuer l’impact éventuel d’un stress important lié aux coups de chaud ou à la sécheresse à ce moment clé du cycle végétatif. Pour y parvenir, les chercheurs ont employé deux techniques : une vendange importante, 35 % des grappes, juste avant le processus qui conduit à la maturité et une irrigation 50 % plus importante que la normale pendant la maturation. La première permet aux grappes restantes d’avoir accès aux nutriments essentiels en plus grande quantité et donc de préserver les arômes, mais la méthode présente un défaut, elle accélère le chemin vers la maturité. La seconde réduit la déshydratation des baies et ralentit le processus. Enfin, la combinaison des deux fait baisser les taux de sucre.

Quel avenir pour Ste Michelle ?

La vente de la célèbre winery Ste-Michelle, dans l’État de Washington aux États-Unis, marquera l’année 2021. Son propriétaire, le cigarettier américain Altria (propriétaire de Marlboro) a consigné dans ses comptes du 4e trimestre de son exercice 4 milliards de dollars dans Juul (cigarette électronique), il avait donc besoin de cash. Beaucoup. La vente de Ste Michelle au fonds New Yorkais Sycamore Partners a été négociée à hauteur de 1,2 milliards de dollars. Mais c’est aussi pour les amoureux des vins américains une opportunité de voir Ste Michelle renaître de ses cendres. Ces dernières années, l’entreprise a peiné sur son marché de prédilection, les vins autour de 10 $. Il y aura donc probablement une importante restructuration, parce que la mariée reste bien habillée, elle possède autour de 1 200 hectares dans l’État de Washington, 70 dans la Willamette Valley et une centaine dans la Napa Valley où les vignes s’échangent à coups de millions de dollars la parcelle. Plus neuf wineries.

Au fil de l’eau

Tandis que nos vignes ont souffert de la sécheresse cet été, du gel ce printemps, d’autres vignobles sont en proie à d’autres joyeusetés du catalogue des calamités. Les inondations catastrophiques de la mi-juillet en Allemagne ont sérieusement éprouvé les vignobles, en particulier dans les villages d’Ahrweiler, Mayschoss et Dernau. Si les 563 hectares de vignes, principalement situés sur les coteaux ont été épargnés, il n’en est pas de même pour les chais, lignes d’embouteillage, barriques, bouteilles, emportés ou détruits par la crue.

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