Abricots : une année à 343 000 tonnes [par Yann Kerveno]

La météo du printemps pèse lourd dans la dégringolade des tonnages prévus pour la récolte européenne d’abricots ce printemps.

Nous en parlons depuis plus d’un mois maintenant, le gel n’a pas épargné l’Europe. Et les jours passant dessinent, avec plus de précisions, la carte des dégâts. Les prévisions pour la campagne abricot 2021, alors que les premiers fruits espagnols ont fait leur apparition dans les grandes surfaces, donnent une illustration cruelle de la situation. La production européenne aura en effet à composer avec une récolte “historiquement basse” juge Éric Hostalnou, rédacteur de la note de prévisions. La récolte qui s’annonce devrait être inférieure de 20 % à celle de 2020 qui était déjà remarquable par sa modestie, 40 % sous la moyenne 2015-2019. De quoi l’amener à s’interroger sérieusement : “Avec un peu plus de 343 000 tonnes prévues, 2021 s’annonce comme la plus faible récolte des trente dernières années à l’échelle européenne et ce déficit n’a épargné aucun pays, aucun bassin de production. (…) Effets du changement climatique ou malheureuse coïncidence ? Et questions au niveau individuel, chez les producteurs : mise en place de moyens de protection des cultures, changement d’espèce… ?” Nul doute que ces questions doivent se poser avec une acuité particulière dans les vergers français.

Froid et gel

Dans le détail, les avanies de la météo sont passées, cette année, de bassin en bassin pour ruiner consciencieusement les espoirs des producteurs. Ce fut d’abord le tour de la Grèce, en janvier, avec des “températures sibériennes” descendant jusqu’à – 17°, puis le gel de fin mars en Espagne et plus particulièrement en Catalogne, puis en France avec la vague de froid et de gel de début avril, puis de nouveau en Grèce où le froid a touché les fruits déjà formés. Les bilans sont donc cruels. La Grèce prévoit de récolter 55 000 tonnes, soit 29 % de moins que l’an dernier et 23 % sous la moyenne 2015-2019. Déjà touchés par le gel l’an passé, les producteurs espagnols avaient connu une très belle année, au moins sur le plan commercial. Le gel de la fin de l’hiver a affecté 5 600 hectares, principalement à Murcie, en Catalogne, en Aragon et en Castille la Manche. Sont donc attendus des volumes en net retrait par rapport à l’an passé, 87 000 tonnes, soit un recul de 15 % par rapport à la courte récolte 2020 et – 31 % par rapport à la moyenne des cinq dernières récoltes.

Deuxième année noire en France et en Italie

En Italie, la récolte 2019 avait été largement amputée par la grêle, en 2020, le gel avait fait le ménage dans les vergers mais la production, 162 000 tonnes, était de moitié inférieure à celle de 2019. Pour 2021, après le gel, les prévisions tablent sur 154 000 tonnes seulement, – 37 % par rapport à la moyenne 2015-2019. Et en France ? Les dégâts du gel sont surtout enregistrés dans la région Rhône-Alpes, mais aussi dans le Vaucluse et le Nord des Bouches du Rhône. Les prévisions 2021 tablent sur 50 000 tonnes, contre 84 000 l’an passé, année déjà très mauvaise à cause de la mauvaise dormance des arbres. Le Roussillon a lui été en partie épargné. Mais pas complètement.

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