Vous reprendrez bien une cuisse (d’insecte) ! [par Lilane Doger-Ledieu]

L’autre jour, au hasard de l’info, je tombe sur “La plus grande ferme verticale du monde”, implantée près d’Amiens. 40 000 m², 36 mètres de haut pour la zone d’élevage, coût : 100 millions d’euros.
À l’origine, il était prévu d’y élever  des scarabées en vue de fabriquer des ingrédients protéinés pour l’alimentation des animaux et des engrais pour les végétaux. Puis, demain, pour la nourriture humaine. La première pierre fut posée le 6 mai 2021 en grande pompe, en présence de Barbara Pompili qu’on ne présente plus. Et comme on ne badine pas avec les priorités, la Commission européenne valida les insectes pour l’alimentation humaine le 10 mai de la même année. 
J’avais vaguement entendu parler, il y a quelques temps, de certains crackers apéros prisés par des bobos parisiens, mais ça n’avait pas retenu mon attention. Là, quand même, je suis allée voir plus loin et je me fais un plaisir de vous partager mes  découvertes sur l’entomophagie (nouveau mot appris à cette occasion), cette pratique qui consiste, pour les êtres humains, à manger des insectes.

Déjà, pour trouver des arguments “contre”, largement supplantés par les “pour”, il faut bien chercher. J’en ai trouvé un cependant, attirant l’attention sur les dangers de la chitine présente dans la carapace des insectes, tout à fait indigeste pour les humains et appréciée des cancers, parasites et autres champignons.  Arguments vite démolis par les “pour”, beaucoup plus visibles et répétitifs, arguant que “si, si”, il est possible que notre intestin puisse réellement traiter la chitine et même, vous n’allez pas le croire, les insectes contiennent de l’ecdystérone qui pourrait être utilisée pour améliorer les performances sportives.

Je vous passe les “études” et les “recherches” sans nom, ni lieu, ni date concluant toutes que “la qualité nutritionnelle des insectes est équivalente et parfois supérieure à celle des aliments d’origine animale”. Notons la dernière phrase de l’un de ces rapports : “La littérature scientifique sur les aspects sanitaires des insectes comestibles est limitée, il est donc nécessaire de mener davantage de  recherches visant à comprendre les risques liés à leur consommation afin de préserver la santé des consommateurs”. Un peu comme ceux qui nous bassinent avec leurs injections de produits douteux après avoir fait valider par tous les gouvernements qu’ils ne seront pas tenus responsables des éventuels effets secondaires.

Attention, sur le paquet, il y a écrit “retirer les pattes avant consommation”

Comme autres arguments assénés au fil des pages, nous avons en bonne place : riches en protéines, source de minéraux, fibres, oméga 3 et 6, vitamines B1, B2,  B3. Et le top du top, l’argument qui finit de vous convaincre : les bestioles répondent en tous points aux exigences pour la contribution à la “protection de la planète” ! Elles se nourrissent d’un rien, leur élevage requiert peu de place et, surtout, contrairement aux vaches qui pètent, elles n’émettent que de faibles quantités de gaz à effet de serre. Alors là, je dis respect ! Parce que sans aucun doute, c’est autrement important que le massacre faune et flore de la forêt amazonienne et le ravage de l’extraction des métaux rares par des populations esclaves.

Ainsi, instruits de ces enseignements, le passage à l’acte n’est plus qu’une question d’ouverture d’esprit. Surtout que les alternatives ne manquent pas. On ne sait que choisir entre les hamburgers à la farine de mite, les grillons, criquets et autres grosses sauterelles qui vous fixent de leurs beaux yeux rouges. Attention, sur le  paquet il y a écrit “retirer les pattes avant consommation”. Allez ! Pas de chichis et un peu d’imagination, pensez à des chips par exemple.

Il paraîtrait que les insectes tendent à avoir le goût des noix, surtout grillés, tel le criquet croustillant sous la dent. Tiens, on dirait du pop corn… Le ver de farine, sur la langue, fait plutôt penser à la noisette. Bacon pour les termites rouges. Le grillon, en bouche, évoque la pomme de terre. Certains lui trouvent un parfum de  crevette et un goût d’amande pour ses larves. Pour le dessert, privilégiez les punaises d’eau, vous aurez l’illusion parfaite du melon. Quant à la fourmi, elle vous fera penser au citron. Ah, j’oubliais le fromage, avantageusement remplacé par les œufs cuits de ladite fourmi.

Depuis le temps qu’ils nous font avaler des couleuvres, les vers, ça doit bien passer. Bon app !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *