Une (nouvelle) vendange hors norme. [par Yann Kerveno]

Alors que la vendange progresse dans le vignoble du Roussillon, rapide coup d’œil sur les conditions en cette fin août.

La première chose, et tout le monde peut le voir, c’est l’avance sur le calendrier, encore une fois. Pour Olivier Barberousse, du service viti de la Chambre d’agriculture, il y a au bas mot une quinzaine de jours d’avance à maturité égale et une bonne semaine d’avance de plus pour les degrés… En cause, la chaleur de ces dernières semaines évidemment. « C’est assez surprenant parce que malgré ces chaleurs intenses, les nuits chaudes, on dirait que la vigne s‘est « habituée ». Il n’y a pas globalement eu de blocage des végétaux, les raisins ont mûri » souligne-t-il. La chaleur a aussi favorisé une situation sanitaire très correcte en freinant le développement important de l’oïdium, très présent cette année et en coupant l’herbe sous le pied d’Eudémis et ses derniers vols habituellement dévastateurs pour les grappes.

Rendements en berne

La deuxième chose à retenir de cette année est moins engageante. Si les grains peuvent être beaux, ils peuvent aussi tromper leur monde. « Ce qu’on constate sur les premières parcelles que nous suivons et qui ont été vendangées, c’est qu’il y a très peu de jus dans les baies. Quand on a habituellement quatre tonnes dans la benne, là on aura plutôt trois tonnes et demi » ajoute le technicien. Si le vignoble de Banyuls arrive à 15 à 20 % des parcelles vendangées, pour 5 à 10 % dans le reste du département où les blancs et les rosés ont été rentrés, la météo continue de faire souffrir la vigne. « Depuis 15 jours, on voit les cépages les plus fragiles, comme la Syrah, commencer de flétrir. » Il ne devrait pas donc avoir de vendange miracle cette année. « On est habitués malheureusement à ces records de tristesse… » Il faut espérer que la jauge ne sera toutefois pas inférieure à l’année dernière. On en saura plus dans quelques jours quand les rouges commenceront d’entrer dans les chais.