Un p’tit air de bicyclette

Parler l’été de vedettes, de stars ou de chanteurs sans parler de ces champions vêtus de jaune que l’on voit, d’une année sur l’autre, soit transpirant, soit au bras de jolies demoiselles sur le podium, serait commettre un oubli irréparable. Mais avant, il faut que je vous parle de Jean-Marie, mon copain dont le père était menuisier. Tous les après-midi, nous étions à genoux dans la menuiserie et, après avoir tracé un circuit avec une balayette dans la poussière et la sciure, nous prenions nos petits cyclistes en plastique de toutes les couleurs, nous nous les répartitions pour faire une équipe chacun et, armés d’une bille, nous faisions avancer à tour de rôle chaque cycliste. Le temps était quelquefois trop court pour finir l’étape et nous étions chassés de nos plaines ou de nos montagnes par la voix du père qui voulait se réapproprier ses lieux. Profitons de cette parenthèse enfantine pour remarquer que, sans portable, nous arrivions quand même à vivre. Et c’est par l’imagination que nous parvenions à ne jamais nous ennuyer.

Mais il faut parler de Poulidor, le héros limousin. La franche sympathie de cet homme en a fait un héros populaire, statut largement mérité par le nombre de ses victoires, par sa carrière incroyable, il fait son dernier tour à 40 ans et monte sur la troisième marche du podium, conseiller technique, commentateur du tour, directeur sportif, agent de communication dans la seconde partie de sa carrière, il faisait preuve d’une énergie incroyable et son éternel sourire reste gravé dans nos mémoires. Et puisqu’on parle de maillot jaune et de Poulidor, il faut donc parler de Jacques Anquetil, le rival, cinq victoires entre 57 et 64, 52 jours avec le maillot jaune sur le tour de France, perfectionniste endurant et pragmatique, il gagne aussi le tour de l’Italie et de son Espagne. Mort à 53 ans d’un cancer de l’estomac, beaucoup ont fait le lien avec les pratiques de ce champion. Mais le recordman des porteurs du maillot jaune en nombre de jours reste Bernard Hinault avec 79 jours en couleur canari. Il faut dire que, pendant huit ans, “le blaireau” a dominé le sport cycliste international. Il est aussi le seul français à avoir remporté cinq fois le tour de France. Avec 22 jours, Laurent Fignon est le suivant de cette liste de grands champions français qui ont jalonné et ponctué nos étés avec deux victoires du Tour de France et une du Tour d’Italie. Belle silhouette fine avec ses cheveux blonds et ses petites lunettes rondes, son côté intellectuel s’est confirmé lors de sa retraite sportive par son investissement dans diverses activités.

Vedettes avec un V majuscule

Un autre personnage sympathique qui a aussi gagné deux fois la grande boucle, c’est Bernard Thévenet, nanard, fils d’agriculteur, excellent grimpeur et tombeur d’Eddy Merckx. De ces vedettes avec un V majuscule, vous avez bien compris notre chauvinisme et notre désir de ne parler que des Français. Mais vous avez bien dans l’oreille quelques noms supplémentaires, que ce soit le beau Marco, Lance, Christopher, Miguel ou bien d’autres. Ce n’est pas le lieu de débattre sur les substances illicites, mais c’est une belle journée pour se rappeler ces sportifs en danseuse sur leur vélo attaquer les cols pyrénéens ou alpestres, largement précédés par Yvette Horner ou André Verchuren, le cochon rose ou les sucreries d’Uzès, encouragés par des rubans de spectateurs, cet esprit franchouillard et bon enfant… Et puisqu’on parle d’enfants, je vais aller chercher mes billes et mes coureurs en plastique. Bel été.

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