Les nouvelles ambitions de Caladroy [par Yann Kerveno]

Aux commandes depuis deux ans de la propriété achetée par son père il y a un quart de siècle, Virginie Mezerette fait souffler un vent nouveau sur le château de Caladroy. Visite quatre à quatre.

Virginie Mezerette n’est pas là pour perdre de temps. Depuis qu’elle a repris en main la destinée du château de Caladroy, elle fourmille d’idées de développement. “J’étais fatiguée de ma carrière dans le monde du médical et des médias, c’est pour cela que je suis arrivée ici, il y a un peu plus de deux ans” explique-t-elle. Elle prend alors la suite de son père, Michel Mezerette, décédé depuis, il y a quelques semaines de cela. Avec la ferme intention de faire briller de nouveau la propriété.

“Quand on s’y intéresse, on se rend compte que le château a toujours connu des hauts et des bas au cours de l’histoire, alors que le lieu est habité depuis l’antiquité, au moins. Et il était en train de mourir à petit feu, c’est un peu, comme je l’appelle, un château au bois dormant, il fallait que ça remue” explique-t-elle, enchaînant une idée après l’autre. “On se rend compte aussi que tout le monde connaît la marque Château de Caladroy dans le département, mais très peu de gens connaissent le lieu, et ce lieu, avec cette vue magnifique, je veux le rendre aux habitants du département.”

Potentiel œnotouristique

Le lieu ? C’est une bâtisse improbable qui semble posée là de bric et de broc sur ce plateau dominé par Força Real. Les deux tours, une carrée, l’autre ronde, ont près de mille ans, la suite s’est ajoutée autour de ce noyau de pierres au fil des années, ou plutôt des siècles. “Il y avait même une école qui a compté jusqu’à 40 élèves” raconte-t-elle encore. Selon les ailes, le château a encore le charme désuet du XIXe ou reste figé dans un état de délabrement certain. On comprend, en visitant, l’état d’urgence qu’invoque Virginie Mezerette quand elle parle de tous ses projets. Et il ne faut pas être grand clerc, il suffit d’y être allé une fois, pour comprendre tout le potentiel œnotouristique du lieu. Elle se lance dans la liste des choses qu’elle envisage, a programmé, passant de l’un à l’autre comme un défi pour son interlocuteur. “On sait que ce n’est pas forcément dans le vin que sont nos leviers de croissance les plus importants mais bien dans tout ce que nous pouvons développer autour.”

Concerts, expos

Première pierre à ce nouvel édifice, “le Hameau de Caladroy”, des gîtes, il y a en six, construits dans un ancien logement des personnels qui tombait en ruine. Mais la nouvelle colonne vertébrale du renouveau de Caladroy sera l’organisation d’événements. Et cela commence dès cet été avec une nouvelle exposition d’art contemporain, mise sur pied par Pierre Bernard, un parfumeur toulousain, sur le thème des fantômes dont on imagine bien tout l’intérêt qu’ils auraient à hanter un lieu aussi étrangement bâti. En parallèle, des concerts sont organisés tous les mardis soir du mois d’août dans la chapelle nichée au creux de l’édifice. “Je réfléchis aussi à organiser des réceptions, des séminaires, des mariages, pourquoi pas, mais ce n’est pas pour tout de suite, nous avons d’autres aménagements à réaliser pour rendre cela possible” ajoute-t-elle. L’étonnante collection de robes de mariées qui prenait la poussière sera aussi revue.

Nouveau chai

Mais c’est là qu’il faut revenir au vin. Arrivé en novembre dernier, Jordi Llech a pour mission de réveiller la gamme bien trop étendue des vins de Caladroy, elle compte une quarantaine de références. “Nous allons regarder ce qui se passe commercialement, ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, et resserrer la gamme petit à petit sur la base des constats que nous pourrons faire” détaille-t-il. Et il y a aussi le projet en cours de construire un bâtiment neuf de 2 000 m2 derrière le château, pour concentrer toute la partie production et logistique pour gérer une production de 4 000 hectolitres par an en moyenne. Et libérer des espaces de qualité dans les chais, aujourd’hui peu pratiques au quotidien, qui pourront alors être valorisés pour d’autres usages.
Pour la vigne, elle espère pouvoir voyager pour aller voir ailleurs comment et quels cépages résistent aux nouvelles conditions climatiques, en Espagne, en Italie pour envisager le futur sereinement.

Chêne liège et spectacle vivant ?

Poursuivant le train de ses idées, qui a plus du TGV que du Train Jaune, elle parle aussi de l’eau, présente en relative abondance sur la propriété qui s’étale sur plus de 500 hectares, “il y a peut-être des choses à faire dans ce domaine, comme dans les plantes aromatiques qui poussent bien ici et on a les terres pour cela, ou d’autres encore avec des vertus médicinales, je réfléchis aussi aux chênes-lièges, il y en a quelques-uns sur la propriété…”

Il y a aussi l’idée de rebâtir le sentier botanique et de “faire quelque chose autour du spectacle vivant. J’essaye de trouver des choses qui n’existent pas ailleurs, je cherche.” Et le budget ? “C’est mon père qui l’a fait, et on va le tenir, il y en a, en gros, entre le hameau et le nouveau chai, pour l’instant pour 1,5 M €”. Le prix à payer pour donner une impulsion nouvelle à l’ensemble. Et, s’ils existent, il y a fort à parier que les fantômes de Caladroy vont sentir le vent du boulet !

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