Parce qu’ils le valent bien [Lilane Doger-Ledieu]

Et voilà, elle est partie ma tounette, Anis, ma petite border collie. Partie au paradis des chiens. Douze ans qu’elle était de la famille. Je l’avais ramassée, toute chétive et résignée, au fond d’une étable où elle s’ennuyait depuis plus de cinq ans. Hé oui, 17 ans et demi ! Elle a rattrapé le temps perdu. Un vrai bonheur de la voir courir ! Elle voulait toujours rassembler tout le monde, même les canards au bord de la Loire. Quel amusement ! Très drôles aussi les séances d’agility qui avaient pour but, à la base, de se faire des copains. Digne de sa race, au bout du troisième rendez-vous, elle partait devant et faisait le parcours toute seule ! Il avait fallu quand-même quatre mois de persévérance pour une cohabitation sans accidents ni anicroches avec Perlin, le chat placide, décontracté, qui avait toujours l’air de dire “T’as qu’à avancer pour voir…” Et puis finalement, patience et longueur de temps ont fait leur œuvre. Ils s’entendaient comme larrons en foire, surtout quand il s’agissait de ne pas louper l’heure de la gamelle.

Perlin, lui, était resté chez nous après la garde d’un été. Il avait trouvé, à l’âge de 10 mois, que c’était pas mal de pouvoir sortir et rentrer comme on veut. Pas question donc de retourner en appartement. Il a pris ses quartiers et là, tu t’aperçois tout d’un coup que c’est toi qui habites chez ton chat. Un vrai chat quoi ! Ça a duré quinze ans, quinze ans de félicité. 
Lorsque Perlin a débarqué à la maison il y avait Léon, jeune chien croisé setter-colley. Celui-là je l’avais récupéré sur le parking d’un supermarché. Il ne restait plus que lui, attaché aux chariots, lorsque tout le monde était parti après la fermeture du magasin. Petite bestiole, sagement assis, pas très beau, les poils courts, une queue de rat, mais tellement attendrissant ! 
“Oh maman, tu nous as rapporté un chien !” “Heu… Non, mais on ne va pas le garder. C’est juste que là il est tard, demain je l’emmènerai chez les pompiers.” Le lendemain, avec Léon, au lieu de tourner à droite, je suis allée à gauche, direction le vétérinaire.

Quatre mois, pas pucé…

Il n’a jamais su qu’il s’appelait Léon. On s’est vite aperçu qu’il était totalement sourd. Nous communiquions par gestes. Treize ans de bonheur ! Un an avant l’arrivée de Léon, il avait fallu accompagner la fin de treize ans de vie de Tango, adorable et magnifique setter, chien de chasse invétéré qui, en l’absence de chasseur à la maison, m’en a fait voir de toutes les couleurs. Fugueur infatigable, je l’ai récupéré plus d’une fois dans les refuges d’où on m’appelait. Heureusement, Tango se promenait avec mon numéro de téléphone.

À la maison, lorsque j’étais enfant, il y a toujours eu des chiens. Des épagneuls bretons que mon père emmenait à la chasse avant d’avoir troqué le fusil pour la canne à lancer, passion qui relégua toute autre activité au deuxième plan. Je me souviens surtout de Rita qui, sortant d’un banc de brume dans les marais charentais, déposa délicatement aux pieds de son maître un petit garenne d’à peine huit jours. Papa l’a mis dans sa poche. Nous l’avons nourri avec les biberons des poupées puis, lorsqu’il fut devenu assez costaud, nous l’avons laissé partir. Rita avait un instinct maternel plutôt développé. Un jour qu’elle allaitait trois petites boules aux yeux bleus d’un mois, je lui mis entre les pattes un tout jeune chaton trouvé sous une voiture en revenant de l’école. Elle s’en est aussitôt occupée comme de ses chiots et l’a laissé téter !

Hamster et cochons d’Inde ont également occupé mes jeudis et largement contribué à provoquer les colères de maman. Surtout le cochon d’Inde. D’abord parce que je l’avais rapporté sans prévenir. Sur le chemin de l’école, un monsieur que je voyais tous les jours dans son jardin me l’avait donné. “Tu verras, il est très gentil”. Et ensuite, parce que peu de temps après, un beau matin, il y en eut quatre dans la cage. “Il” avait fait des petits… 
Tous ces petits compagnons, si justement appelés “bêtes à chagrin” pour le vide qu’ils laissent en partant, méritaient bien une chronique, aussi modeste soit-elle.

Et puis aujourd’hui, il y a Soleil, golden retriever de 19 mois, un gros bébé plein d’amour qui me ravit chaque jour. 
Longue vie à Soleil à qui je vais peut-être dégoter un petit frère à la SPA. C’est plus sympa à deux quand-même. Mais chut…

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