Parce que rien n’est jamais simple – sem. 38-2022 [par Yann Kerveno]

Amande (très) amère

Les producteurs d’amandes espagnols sont dans le dur. Ils dénoncent une campagne catastrophique en volume et ne comprennent pas pourquoi les prix restent au plancher dans ce contexte. Selon les prévisions, la récolte 2022 devrait se solder par une production de 211 000 tonnes en Espagne cette année, en recul de 32,5 % par rapport à 2021 qui était déjà une petite récolte, et de 49,88 % par rapport à 2020. Certains opérateurs plus pessimistes annoncent une récolte 70 % inférieure à une campagne normale et jusqu’à 90 % en Catalogne ou en Aragon. Il faut dire que le verger espagnol a subi toutes les avanies cette année, les pluies à la floraison, le gel ensuite en milieu de printemps, puis la sécheresse et les coups de chaleur de l’été. Pour autant, si la récolte est courte en Espagne, mais aussi aux États-Unis (- 11 %) où gel et sécheresse ont entamé le potentiel, le marché reste atone. “La loi de l’offre et la demande ne fonctionne pas, les prix sont en dessous des coûts de revient” regrette José Ugarrio, directeur technique fruits et légumes du syndicat des jeunes agriculteurs espagnols auprès de nos confrères d’Efeagro. Les amandes s’échangeaient, début septembre entre 3,50 et 3,90 euros le kilo pour le tout-venant (contre 3,75 à 4,05 l’an passé), de 6,90 à 7,40 € pour la variété marcona (contre 6,55 à 6,80 €) et les amandes bios entre 7,43 et 7,77 € le kilo, un euro moins cher qu’en 2021.

Marché pervers

Dans un passionnant papier publié tout récemment par la Vie des idées, l’historien Alessandro Stanziani revient sur l’importance géostratégique du blé depuis l’aube des temps agricoles. En précisant que les famines de l’histoire ne sont pas forcément liées qu’aux mauvaises récoltes, que le marché est parfaitement capable, à lui seul, de déclencher des disettes pour les populations même en l’absence de pénuries. Et ce depuis le XIIe siècle et que la clé c’est le stockage… Pour autant les crises climatiques peuvent à elles seules, mettre en danger la sécurité alimentaire. On le voit au Pakistan, dévasté par des inondations meurtrières dès les premières pluies diluviennes de la mousson. Si près de 1 400 personnes ont été tuées par les flots, ce sont aujourd’hui 220 millions de Pakistanais qui sont sous la menace de famine, une grande partie des récoltes et des stocks ayant été emportée par la furie des flots.

Restrictions indiennes

Dans le pays voisin, mais ennemi, le gouvernement indien a pris, mi-septembre, de nouvelles mesures de restrictions d’exportation qui concernent cette fois les brisures de riz, utilisées dans l’alimentation animale ou pour fabriquer de… l’éthanol. Cette interdiction, accompagnée d’une taxe supplémentaire à l’exportation de riz non basmati, est prononcée pour favoriser le marché intérieur indien, alors que les semis de riz sont en recul de 5 % dans le pays. Plus tôt dans l’année, le gouvernement indien avait aussi interdit les exportations de blé dur, puis de farines et de semoules…

Robots

Enfin, sachez que la mécanisation des récoltes est un marché porteur. Parce qu’il répond à des questions de disponibilité de main-d’œuvre et de maîtrise des coûts de production, il pourrait générer un chiffre d’affaires, à l’échelle de la planète, de 22 milliards de dollars en 2027 contre 14 milliards en 2022.

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