Parce que rien n’est jamais simple (sem. 22-2023) [par Yann Kerveno]

El Niño

Cette fois nous n’y couperons pas. Le phénomène El Niño, qui succède à une Niña exceptionnelle par sa durée, est bien en train de se mettre en place. Les observations de la Nasa ont en effet permis de détecter un des signes précurseurs du phénomène avec le déplacement de masses d’eaux chaudes de l’Ouest du Pacifique vers l’Est où elles viendront alimenter une période humide sur le continent Sud-américain, voire des épisodes de pluies torrentielles. Découvert à la fin du XIXe siècle, mais on en trouve des traces jusqu’au Pliocène (entre 2 et 5 millions d’années avant notre ère), El Niño devrait mettre fin à la sécheresse qui frappe l’Argentine et aux inondations catastrophiques survenues en Australie ces derniers mois. Mais il pourrait aussi avoir des conséquences sur le marché mondial des céréales.

Projection

On parle beaucoup de souveraineté alimentaire et c’est l’occasion de replonger dans un papier de 2021, rédigé par Hervé Fournier du cabinet conseil Audanis. Il rappelle d’abord quelques chiffres. Les importations représentent 70 % des fruits consommés en France et 30 % des légumes. Une fois ôtée la part des fruits et légumes qui ne poussent pas sous nos latitudes, on y voit plus clair. La France importe 2,1 millions de tonnes de fruits qui pourraient être produits en métropole et 1,2 million de tonnes de légumes. Qui nécessiteraient, pour être produits ici, la mobilisation de 125 000 hectares pour les fruits et 53 000 hectares pour le maraîchage. Pas de quoi bouleverser le paysage, 53 000 hectares de maraîchage c’est 2 % des surfaces cultivées en France. Et là où le bât blesse peut-être le plus, c’est que cette relocalisation nécessiterait la création de 33 000 emplois dans les productions fruitières et 5 300 en maraîchage. Des candidats ?

Désespoir

Le syndicat des producteurs fruitiers de Catalogne, Afrucat, a demandé le 19 mai que l’eau soit réellement partagée entre les différents usages dans la zone concernée par la fermeture, depuis le 26 avril dernier, du canal d’Urgell qui irrigue la région de Lérida. C’est la principale zone de production de pommes et de poires en Espagne et elle contribue pour 7 % à la production de pêches et nectarines du pays. En souffrance déjà très prononcée avec des chutes de fruits et des défoliations importantes, les vergers pourraient mourir avant la fin de l’été. L’Afrucat réclame une réduction de 20 % des usages domestiques de l’eau dans la zone pour rediriger un peu d’eau vers les vergers. L’association demande également que les règles soient clairement établies et que soient privilégiées les cultures pérennes dont la perte entraîne une coupure de production de quatre à cinq ans.

Class action

Une plainte collective a été déposée aux États-Unis par une partie des actionnaires de Beyond Meat, producteur médiatique de steaks végétaux. Valorisé à plus d’un milliard de dollars à son entrée en bourse, Beyond Meat n’a cessé depuis d’accumuler les déboires, jusqu’à perdre récemment un contrat avec McDonald. La plainte accuse les dirigeants de Beyond Meat d’avoir menti sur la capacité de l’entreprise à changer d’échelle et parvenir au stade industriel et à respecter techniquement les cahiers de charges de ses clients. Au cours de son exercice 2022, Beyond Meat a réalisé 418,9 M $ de chiffre d’affaires pour une perte nette de 366,1 M $. Après 182 M € en 2021, 52 M $ en 2020, 12,5 M $ en 2019, 30 M $ en 2018 et 2019 et 25 M $ en 2016. Soit en six ans une perte totale de plus de 697 M $…

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