Parce que rien n’est jamais simple sem. 11 – 2023 [par Yann Kerveno]

Pénurie

À force de vouloir jouer avec la corde, elle finit par se rompre. Et ce que l’on croyait impossible, il y a encore dix ans, devient une réalité tangible et cruelle. Le Royaume-Uni et l’Irlande ont connu à la mi-février une pénurie de produits frais. Au point que deux chaînes de grands magasins, Asda et Morrisons ont restreint les achats de fruits et légumes dans leurs linéaires. Trois tomates, trois poivrons ou trois salades maximum par personne chez Asda et deux concombres seulement par personne chez Morrisons. Si la production locale n’est pas en cause, elle est inexistante à cette saison et de toute façon le prix de l’énergie a dissuadé les mises en place, ce sont bien les intempéries survenues au Maroc (inondations et tempêtes) ou en Espagne (froid) qui sont venues comprimer drastiquement l’offre alors qu’à ce moment de l’année, plus de 90 % du sourcing des distributeurs anglais provient de ces deux bassins de production…

Et ce n’est pas terminé pour les consommateurs anglais. Le mauvais temps a en effet mis à mal les productions locales de carottes ou de chou et de chou-fleur… Et pendant ce temps-là, de ce côté-ci du channel, la souveraineté alimentaire française a reculé de 3 % selon FranceAgriMer.

Manifs

Après les paysans bataves il y a quelques mois, voici que ce sont les agriculteurs flamands qui ont manifesté à Bruxelles, le 3 mars dernier. Mais pas contre l’Union européenne, comme c’est plutôt d’usage, juste contre le gouvernement flamand et la politique qu’il entend mener en matière d’azote qui pourrait, selon les syndicats locaux, “entraîner un bain de sang économique et social.”
2 700 tracteurs ont envahi la capitale belge pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il élabore un plan moins radical que celui mis en œuvre aux Pays-Bas. À l’autre bout du monde, en Argentine, les tracteurs ont été sortis pour réclamer un allègement des taxes qui pèsent sur les agriculteurs dans un contexte de grave sécheresse, la pire depuis soixante ans. Ils réclamaient aussi un meilleur taux de change pour les exportations de produits agricoles dont le produit pourrait être réduit d’un quart cette année.

OGM

Pendant ce temps-là, au Brésil voisin, on s’embarrasse guère de préjugés. Depuis l’arrivée au pouvoir de Lula, disons plutôt le retour, la déforestation a chuté de 61 % au mois de janvier. Et le pays a autorisé la mise en culture d’un blé OGM résistant à la sécheresse à la suite de l’Argentine. En Chine, où la production de cochons va revenir à ce qu’elle était avant la peste porcine, les producteurs de maïs vont semer cette année 267 000 hectares de maïs transgénique, un peu moins d’un pour cent de la surface que le pays consacre à cette culture. Si la mise en culture d’OGM est nouvelle, elle est qualifiée de “test grandeur nature” plutôt que d’un premier emblavement résolument “commercial.” Si elle ne cultive pas d’OGM officiellement, à l’exception du coton, il existe toutefois des surfaces de maïs illégales dans certaines zones du pays, la Chine en importe par dizaines de bateaux depuis le continent américain.

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