Tournée des vendanges : l’eau au centre des débats

Quelques semaines après son arrivée, le nouveau préfet, Rodrigue Furcy, a effectué sa première tournée traditionnelle des vendanges. Un millésime 2022 marqué par la sécheresse et qui soulève de nombreuses interrogations : la gestion de l’eau, les aléas climatiques ou encore la consommation du foncier agricole.

En 2021, la jauge s’est arrêtée à 530 000 hectolitres, soit l’une des plus petites récoltes jamais enregistrées dans le département. Et pour 2022, les estimations “les plus optimistes” tablent sur 550 000 hectolitres. C’est loin, très loin des volumes enregistrés en 2019 (622 300 hl), en 2018 (755 000 hl) ou en 2017 (683 000 hl). Pour mémoire, le volume maximum de la décennie a été atteint en 2011 avec 990 000 hl. Au-delà des chiffres bruts, ce sont les causes de ces baisses de volumes de récoltes qui interpellent : sécheresse, gel, échaudage, mildiou, sont autant de fléaux récurrents qui frappent alternativement et parfois simultanément la filière.

Pour Fabienne Bonet, présidente de la Chambre d’agriculture, la question de l’eau est prioritaire : “soyons clairs, on ne souhaite pas d’avantage d’eau pour augmenter les rendements mais pour préserver deux points essentiels : la pérennité du vignoble et la qualité des vins.”

Guy Jaubert, président de la Fédération des Vignerons Indépendants du Roussillon, a ajouté “qu’il n’est pas question d’opposer les usagers mais de trouver un équilibre qui satisfasse le plus grand nombre. Par ailleurs, en plus des données climatiques, il faut prendre en compte les données économiques. Les matières sèches sont très difficiles à trouver et elles sont de plus en plus chères, idem pour l’énergie”.

La flavescence dorée : maintenir la prospection

Au-delà des mutations climatiques, les vignerons doivent aussi faire face aux évolutions règlementaires qui ne vont pas forcément dans le bon sens. La filière agricole départementale pouvait se targuer d’avoir mis en place un système efficace pour lutter contre la flavescence dorée grâce à l’action conjointe de la FDGDON 66 et des services de l’État. Or, la possibilité que l’Occitanie sorte de la zone d’éradication pour passer en zone d’enrayement est inquiétante. “Ce qui localement a fait le succès de cette lutte, c’est qu’elle a été menée collectivement avec un objectif clair : l’éradication” insiste Guy Jaubert. “Nous devons tout faire pour maintenir le système actuel, un système vertueux dans lequel le vigneron participe à la lutte.”

Le foncier agricole en question

Autre préoccupation centrale de cette tournée des vendanges, la consommation du foncier agricole matérialisée par deux projets : le centre pénitencier de Rivesaltes et l’usine de bitume de Cases-de-Pène.
Pour Jean Gardiès, du Domaine Gardiès, qui a accueilli la délégation préfectorale le 16 septembre dernier, il faut rester vigilant : “Le Domaine Gardiès est engagé en bio depuis 20 ans, nous sommes donc évidemment sensibles aux questions environnementales, mais les signaux que nous recevons ne me semblent pas bons et en contradiction avec la tendance actuelle qui se veut plus écologique. De plus, l’usine comme la prison vont consommer du foncier agricole et dégrader visuellement notre territoire.”

Pour David Drille, président du Syndicat des Vignerons des Pyrénées-Orientales, “On entend beaucoup parler d’agro-tourisme, d’œnotourisme et de souveraineté alimentaire. Mais les projets qui nous sont proposés, une prison et une usine, sont l’antithèse de tout ça ! Quelle est la logique poursuivie ?”

À toutes ces questions, le nouveau préfet Rodrigue Furcy a promis de répondre dès qu’il aura pris le pouls d’un département qu’il découvre.

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