Parce que rien n’est jamais simple sem.10-2023 [par Yann Kerveno]

À la guerre comme à la guerre

Quand on parle du potentiel momentanément perdu de l’agriculture ukrainienne, la récolte de céréales dans le pays sera passée d’environ 110 millions de tonnes en 2020 à un peu plus de 50 millions de tonnes prévues l’année prochaine, il nous manque une donnée. Celle du futur, de l’après-conflit. Et il est peut-être illusoire de se dire qu’une fois la guerre terminée (mais quand ?) les marchés retrouveront leur équilibre. Des chercheurs ont planché sur la pollution des sols de la Première Guerre mondiale, achevée depuis plus de 100 ans. Et qu’ont-ils découvert ? Que ces sols, labourés par les obus et toutes sortes de munitions, sont encore largement pollués avec des concentrations en plomb, cuivre et nickel, qui dépassent largement les normes en vigueur… Après ces deux guerres, la Première mondiale et celle menée par la Russie en Ukraine, il est probable que certaines zones restent durablement contaminées et impropres à toutes cultures…

Méthane

Puisqu’on en est à parler de contamination, revenons un instant sur les gaz à effet de serre. Et en particulier le méthane de nos vaches qui pèse lourd dans la balance (tant qu’on n’y a pas mis les aménités dont l’élevage nous gratifie en nourriture, paysage…). La solution aux émissions de méthane par les ruminants sera probablement apportée par la science et la nutrition animale. Des chercheurs de l’entreprise hollandaise Royal DSM sont en effet parvenus à abattre de 50 à plus de 90 % les émissions de méthane d’un atelier d’engraissement en combinant un produit à base d’acide nitrique et d’alcool avec une ration appropriée. En Australie, ce sont les algues qui sont mises à contribution et, broyées, incorporées à l’alimentation des ruminants. Une autre entreprise est parvenue à synthétiser le principe actif contenu dans les algues pour les commercialiser en pilule…
Les esprits chagrins diront alors que ce n’est valable que pour les ateliers d’engraissement. Certes, mais la recherche continue pour rendre ces produits accessibles aux animaux élevés dans des systèmes extensifs et même à ceux qu’on ne voit qu’une ou deux fois par an, en Australie par exemple…

Gros élevages

Pour rester dans le même sujet, un document de la Commission européenne, qui a fuité, montre que les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre vont toucher bien plus que prévu les élevages de porcs et de volailles européens… Et pour cause, les références prises pour calculer l’impact sur les “gros élevages”, soit un chargement de 150 UGB datent de 2016. Appliquée aux chiffres de 2020, la part des élevages de porcs concernée passe de 18 à 61 % et celle des élevages de volailles de 15 à 61 % Les élevages bovins s’en sortent mieux, 12,5 % seront concernés contre 10 % dans la mouture sur les chiffres de 2016. De quoi plaider, comme le font les ministres de l’Agriculture de l’Union face à la Commission, pour le relèvement du seuil à 300 UGB, pour concerner au final 47 % des élevages de porc, 41 % des élevages de volailles et 3 % des élevages de bovins.

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