Parce que rien n’est jamais simple #27 [par Yann Kerveno]

Volte face sri-lankaise

On ne saura finalement pas si la bio est délétère pour l’appétit des Sri-Lankais. Vous vous souvenez qu’à court de devises, le gouvernement de l’île avait imposé un passage au bio à toute l’agriculture de l’île du jour au lendemain. C’était au mois d’avril dernier et en interdisant toutes les importations de fertilisants de synthèse et de produits phytos en particulier. La semaine passée, le gouvernement a fait machine arrière et autorisé de nouveau l’importation des fertilisants de synthèse alors que des manifestations s’étendaient dans les rizières. Juste avant de prononcer la levée de sa décision, le gouvernement avait fait rentrer une cargaison d’azote liquide depuis l’Inde voisine pour booster les productions de riz et de maïs. Mais les autorités sri-lankaises ne renoncent pas pour autant à leur projet. Et ont annoncé que les autorisations seraient temporaires et ne dureraient que le temps que le pays développe suffisamment de ressources en fertilisants organiques.

La bio patine en linéaire

Alors que les députés européens ont rejeté les amendements portés au plan Farm to Fork et voté le texte quasi dans sa mouture initiale, on se demande comment l’histoire va finir. En effet, le plan prévoit de porter la part de la bio à 25 % de l’agriculture européenne et il n’est pas illégitime de se demander comment on va faire.
Chez nous, en France, avec 10 % de sa SAU en bio, le marché semble parvenu à saturation sur certains segments, le lait par exemple qui appelle les consommateurs à l’aide et les œufs. Œufs dont la consommation a baissé de 3 %, obligeant les éleveurs bios à envoyer une partie de leur production à l’industrie. Avec un sérieux manque à gagner à la clé. Pour le lait, il pourrait y avoir 200 millions de litres de lait bio en trop en France à la fin de l’année prochaine… Ce qui justifie l’appel à l’aide de Biolait aux consommateurs, les priants de bien vouloir acheter un pack par semaine et par famille…

Les patous de la colère

Autre dossier pas si simple, la condamnation d’un éleveur des Hautes-Alpes à une amende de 2 500 euros, dont 1 000 avec sursis, plus des dommages et intérêts, 300 euros à chaque victime, et la confiscation de deux de ses chiens qui s’en étaient pris à des randonneurs de passage cet été. Cette assignation en justice avait suscité des manifestations d’éleveurs il y a quelques semaines. Mais ce qui ne va pas calmer les esprits, c’est que deux patous du même éleveur avaient récidivé le 7 octobre dernier, pendant que le jugement était en délibéré, et que deux de ses chiens ont été euthanasiés. Depuis ce dernier incident, le loup est passé par là et provoqué la disparition de 45 brebis dont neuf ont été retrouvées mortes.
Non loin de là, en Isère, c’est un prédateur particulier qui a fait dérocher 14 brebis du côté de l’Alpe d’Huez, zone très fréquentée, puisqu’il s’agit d’un… Drone. En colère, le berger, qui gardait un troupeau de 1 500 têtes sur cet alpage a fait signe au pilote de cesser de survoler ses bêtes et a détruit l’engin. Pour se voir visé par une plainte de son propriétaire, il risque 400 euros d’amende alors que lui, bloqué en estive, n’a pas encore trouvé le temps de descendre à la gendarmerie.

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