Agriculture et écologie : le coup de gueule des JA 66 [par Jean-Paul Pelras]

Et si la rencontre survenue le 19 juillet entre le préfet Stoskopf et les Jeunes agriculteurs des P.-O. était celle de trop ? Non pas car il s’agissait de la dernière, puisque le représentant de l’État quitte notre département pour celui de la Somme, mais car, selon Pierre Hilary, président du syndicat agricole : “Les pouvoirs publics nous convient à des réunions de concertation où tout est décidé par avance. Où, depuis des années, nous sommes systématiquement mis devant le fait accompli”.

Un constat qui concerne surtout les questions environnementales, comme nous le confie par téléphone le viticulteur d’Estagel, ainsi que Pierre Pagnon, Benoit Bousquet, Romain Ramos, Julien Bousquet et Pierre Portells : “Chartes riverains, Zones Natura 2000, Zones de non traitement et maintenant Zones de haute protection environnementale… Nous sommes cernés et contraints par des mesures coercitives qui réduisent et impactent un peu plus chaque jour notre périmètre, notre outil de travail, notre revenu… Les écologistes exercent une pression dogmatique et hégémonique sur l’agriculture qui est cautionnée et accompagnée par les services de l’État. Tout ce qui est officieux, insidieusement devient officiel et nous voilà privés de terres sur plusieurs hectares dans la vallée de l’Agly, parce qu’il faut protéger une orchidée ou une bestiole en Conflent, un prédateur sur les estives, une herbe rare en Roussillon… Ce n’est pas en sacrifiant les terres arables que l’on va garantir les besoins alimentaires de demain.”

Que l’État organise une confrontation entre agriculteurs et écologistes !

Un coup de gueule qui prend tout son sens à l’aune d’un contexte où le Farm to Fork (de la ferme à la fourchette) européen, un temps mis de côté en raison des pénuries imputables au conflit ukrainien, est à nouveau relancé avec son cortège d’injonctions pro-environnementales.
“Évidemment, le monde agricole possède les arguments capables de contrer ceux qui nous stigmatisent, mais nous sommes toujours les derniers à être consultés alors que nous sommes les premiers concernés sur le terrain. Qui mieux que les paysans connaissent l’espace sur lequel ils travaillent 365 jours par an ? Que l’État organise une confrontation entre agriculteurs et écologistes, qu’il se pose une bonne fois pour toutes en arbitre. Qu’il ait le courage de reconnaître l’induction sociale et économique que nous générons, mais aussi notre action environnementale car, et nous le voyons avec les incendies et les risques naturels, quand il n’y aura plus de cultures, les idéaux ne suffiront pas à arrêter les flammes”.

Rodrigue Furcy, successeur d’Étienne Stoskopf, organisera-t-il une rencontre entre les responsables écologiques du département et les syndicalistes agricoles ? La question est posée. Quand au débat, s’il a lieu, il pourrait à n’en point douter être passionnant et, bien sûr, passionné !

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