Ailleurs dans les vignes du monde… Octobre 2021 [par Yann Kerveno]
Vous avez dit pénurie ?
On va finir par croire que “pénurie” va s’imposer comme LE mot de 2021. Il y a la pénurie de containers, qui entrave le commerce mondial du vin (mais gonfle les profits des transporteurs, 150 milliards de dollars annoncés pour cette année…), la pénurie de barriques en Australie et la pénurie de verre en Argentine. Avec pour conséquence que les bodegas ne peuvent mettre leur vin en bouteille au rythme souhaité. Et la situation s’est aggravée dernièrement avec l’incendie survenu dans une usine d’embouteillage de la région de Mendoza. Nos confrères de Bloomberg rapportent ainsi que certaines bodegas, prises de court, ne pourront mettre en bouteille la totalité de leur production 2021 et la filière viticole a demandé officiellement au gouvernement de supprimer les taxes sur les importations de bouteilles en verre. Et comme quoi souvent le monde est mal fait, en Nouvelle-Zélande, les vignerons ont des bouteilles mais pas assez de vins à y mettre pour satisfaire la demande ! À tel point que certaines gammes de vins néo-zélandais, le sauvignon blanc en particulier, pourraient disparaître des linéaires anglais, leur principal débouché.
Escroquerie en rouge
On ne sait pas si la mariée était en blanc mais la fête a bien aidé les enquêteurs. L’affaire se passe en Chine où le marié fait l’acquisition en ligne de 10 caisses de Château Shunyilifei, dûment étiqueté Bordeaux pour l’équivalent de 360 euros. Le storytelling est bien fait, ce château bordelais serait bâti autour d’une parcelle de 15 hectares emportée de haute lutte contre Lafite-Rotshchid par un certain baron Shunyi en 1755. Las, tout ceci n’était qu’esbroufe et les convives intrigués par le goût étrange pour un Bordeaux, et pour cause, ont permis à la police de saisir 13 000 caisses de Château Shunyilifei représentant une valeur de 40 M €. L’entreprise à l’origine de cette arnaque n’en était pas à son coup d’essai. Elle a été condamnée il y a quelques mois pour avoir déposé, en Chine, la marque Castele…
L’appétit des Italiens
Au cours de sept premiers mois de l’année, les vins italiens ont vu leurs exportations progresser de 14,5 % pour atteindre 3,98 milliards d’euros selon les chiffres rendus publics par WineNews. C’est mieux que l’an passé, année du Covid et des confinements, mais aussi bien mieux qu’en 2019 puisque la progression atteint 10,7 %. Important client des vins italiens, Prosecco en tête, le marché anglais reste stable par rapport à l’an dernier (369 M €) mais accuse encore un repli de 9,1 % par rapport à 2019, année record pour les exportations italiennes. Parmi les marchés qui progressent le plus, à plus de 10 %, on trouve la Suisse, l’Autriche, la France (+ 17 %). Avec 5 % de progression, le marché allemand fait presque pâle figure mais il pèse 642 M € sur sept mois. Premier client des vins italiens, le marché américain atteint le milliard d’euros, en progression de 18,8 % par rapport à l’an passé.
Un panier moyen à 173 euros
Nos voisins espagnols ne badinent pas avec l’œnotourisme dont ils ont fait, depuis deux décennies, une industrie touristique à part entière. Une étude récente diligentée par l’association des villes viticoles du pays a permis de mieux connaître le profil de l’œnotouriste. Sachez qu’il a entre 36 et 45 ans, qu’il voyage souvent en couple, que c’est majoritairement un homme qui connaît l’univers du vin… Voilà pour le portrait-robot. Mais ce qui réjouit surtout la filière, c’est qu’entre le dernier semestre 2020 et le premier semestre 2021, le panier moyen acquis dans les bodegas a progressé de 11 euros pour atteindre 173,12 euros.
L’industrie du vin a au moins 1 500 ans
En Israël, les archéologues ont mis au jour une véritable winery, développée sur près de 30 000 mètres carrés dans la ville de Yavne qui remonte aux alentours du VIe siècle de notre ère. Si toutes les opérations y étaient manuelles, les raisins étaient foulés dans des bacs spéciaux, l’ensemble est composé de cuves où se déroulaient les fermentations puis de cuves octogonales de stockage pour que les vins puissent attendre le conditionnement. Selon les calculs des archéologues, une telle installation pouvait produire 20 000 hectolitres de vin par an.