Parce que rien n’est jamais simple 2022 – #02 [par Yann Kerveno]

Blé : année faste ?

Si les prix du blé sont encore hauts pour la prochaine campagne, cela ne voudra pas forcément dire que l’année sera faste pour ceux qui en produisent. Il faut en effet attendre le printemps, la météo nous a appris ces dernières années à rester prudents, et ne pas perdre de vue le prix des intrants. Et ce qui vaut pour le blé vaut pour toutes les autres productions. À vos calculettes pour évaluer vos coûts de revient si ce n’est pas déjà fait. Si la pandémie de Covid n’a pas fait “sauter” les systèmes alimentaires occidentaux comme le clament à longueur d’interviews les tenants de la décroissance, elle vient remettre en question la notion de globalisation. On en trouve parfaite illustration dans le cas des frites. Quel rapport vous demandez-vous ? Sachez alors que les fast-foods japonais en décembre, puis ce mois-ci en Afrique Orientale, ont été contraints de rationner les frites, au grand dam de leurs clients…

T’as pas de frites ?

Pourquoi ? Parce que si la production de pomme de terre a été abondante au Kenya par exemple, toute patate n’est pas bonne à finir en frite comme le raconte un papier de Radio France International. En fait, les pommes de terre utilisées par les fast-foods sont surtout transformées en Belgique et aux Pays-Bas pour l’Europe, aux États-Unis et au Canada pour le continent américain. Ces deux pôles exportant des frites par bateaux pour le reste du monde. Et les containers à mettre sur les bateaux en ce moment, c’est rare. Ajoutez à cela l’envolée du prix de l’huile et la pénurie de carton… C’est peut-être à cela qu’aura servi la crise que nous traversons, à mettre en défaut le maillon logistique et le sacro-saint principe du no-stock et flux tendu.

Reculade

Dans les dossiers de l’année, il y a celui du glyphosate et, finalement, le président de la République semble avoir discrètement enterré ses promesses de campagne. Dans sa désormais célèbre interview au Parisien, il a reconnu que son tweet de 2017 l’engageant à mettre fin à l’utilisation du glyphosate sous trois ans, était une erreur. Qu’il ne fallait pas laisser les agriculteurs sans solutions… Faut-il en déduire que la France ne fera pas obstruction au renouvellement de l’autorisation du glyphosate actuellement étudiée par l’Union européenne ? On le saura assez vite, mais il ne faudrait pas que cette éventuelle prolongation revienne à mettre le dossier sous le tapis et ne pas continuer de chercher d’autres solutions pour maîtriser l’enherbement…

La goutte d’eau dans l’océan

Un peu à l’image de ce qui s’est passé dans les années quatre-vingt-dix en Espagne où les financements sur la recherche d’un vaccin contre la Peste Porcine Africaine ont été supprimés dès lors que la maladie avait été éradiquée du territoire national. Ce qui a valu l’abattage de 200 millions de porcs en Chine il y a deux ans et la persistance d’une menace permanente sur les élevages européens, 25 ans (perdus) après. Et pour rêver un peu, sachez que Sam Learner, un de nos confrères du New York Times, a mis au point une carte du monde qui vous permet d’y déposer une goutte d’eau et de suivre son voyage jusqu’à son retour à la mer… De quoi bien saisir la notion de
bassin-versant !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *