Parce que rien n’est jamais simple 2022 – #28 [par Yann Kerveno]

La charrette de foin

Le monde a beau ne pas être simple il est parfois désespérant de bêtise. Les guerres des écologistes prennent parfois des tournants stupides, juste destinés à attirer les caméras. Ainsi, la semaine passée, à Londres, pendant que Boris Johnson perdait ses ministres au rythme d’un toutes les dix minutes, des militants écologistes sont entrés à la National Gallery (l’équivalent du Louvre ou du Musée d’Orsay) pour recouvrir un tableau de John Constable représentant un paysage de campagne (c’était sa spécialité), intitulé La charrette de foin (The Hay Wain). Recouvert avec quoi ? Une affiche d’un photomontage montrant le même paysage saccagé par les énergies fossiles. Le symbole est facile et juste monté pour les caméras et le buzz. Parce qu’à bien y regarder, la peinture de Constable n’a rien de vraiment bucolique. Elle date du début du XIXe siècle et témoigne d’un temps où rien n’est sûr. On est encore 25 ans avant les grandes famines d’Écosse et d’Irlande (1,5 million de morts sur l’île).

L’opulence de la Cène ?

D’autres, pendant ce temps-là, dans une autre expo, se sont collés à la glu sur la Cène de Léonard de Vinci. Pour protester contre une frugalité déjà trop opulente ? On espère en tout cas que la glu est bio et l’on notera avec malice qu’en dépit de leur rejet du monde moderne, ces activistes savent en utiliser toutes les médiatiques ficelles. Puis, un peu dépité, on se demandera si cela fera avancer le schmilblick ? De l’autre côté de l’échiquier on trouvera les agriculteurs hollandais en révolte depuis une douzaine de jours contre les nouvelles lois qui prévoient de réduire les émissions d’azote et d’ammoniac jusqu’à 70 % selon les zones, 50 % dans le pays d’ici 2030, dans un grand mouvement de désintensification des élevages. Mouvement qui pourrait conduire à la disparition d’un tiers des élevages. Les agriculteurs ont provoqué un blocus sévère qui a vidé les supermarchés du pays en quelques heures.

OGM par la bande

Pendant que l’Europe se “touche la nouille” pour savoir si l’édition génétique relève des OGM ou non, ceux-ci poursuivent leur conquête du monde. Alors même que tous les pays n’ont pas autorisé, à l’instar de l’Union européenne, leur utilisation commerciale. C’est le cas en Bolivie qui refuse jusqu’à maintenant les OGM, malgré les demandes incessantes d’une partie des producteurs qui voient dans ces outils la chance de pouvoir s’affranchir des problèmes qu’ils rencontrent : sécheresses, etc. Ajoutez à cela un cadre un peu lâche et les trafics se mettent en place. Selon le président du syndicat des petits producteurs de l’État de Santa-Cruz, Isidoro Barrientos, 40 % de la sole de soja est aujourd’hui composée d’une variété OGM (Intacta, Monsanto), ratio qui s’élève à 65 ou 70 % pour le maïs et 100 % pour le coton. Et le producteur de réclamer une loi pour “cesser d’être des pirates”.

Vous avez dit “monde de merde” ?

Puisque c’est l’heure des vacances et du tourisme, des balades en montagne, sachez qu’en Nouvelle-Zélande une campagne de communication essaye d’inciter le gouvernement du pays à restreindre le droit de déféquer ou d’uriner dans la nature devant les abus constatés. En effet, jusqu’ici, on pouvait s’y soulager en toute légalité à condition que cela fût à l’abri de tous les regards (le risque est une amende de 200 $ si l’on se fait prendre, en plus de la gêne). La proposition vise donc à encadrer l’affaire plus étroitement en précisant qu’on ne doit pas déféquer à moins de 50 mètres d’un cours d’eau et que les étrons doivent être enterrés au moins à 15 centimètres de profondeur. Si le sujet prête à sourire, les amoureux des Pyrénées Catalanes qui aiment arpenter les sentiers (j’en suis) savent qu’il n’est pas anodin.

 

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