Marché du vin : les tendances (difficiles) se confirment [par Yann Kerveno]
Pas d’embellie sur le marché du vin, les vins du Roussillon continuent d’enregistrer des replis, sauf sur les blancs mais sur des volumes trop modestes pour peser.
Les chiffres permettent souvent d’objectiver des impressions. Ceux de la campagne viticole 2022-2023 confirment les tendances difficiles pour les vins du Roussillon. Au cours de la campagne, les ventes de vins ont atteint, péniblement, 200 000 hl. Et tous les segments reculent. “Sur les douze mois, les appellations d’origine perdent 13 % et les IGP 8 %” confirme Anne-Laure Pellet, directrice du CIVR. Mais toutes les couleurs ne sont pas logées à la même enseigne.
Ainsi, les appellations rouges, qui représentent la plus grosse partie des volumes produits, accusent un recul des ventes de 18 % quand les rosés perdent seulement 1 % et que les blancs, confirmant une tendance lourde du marché, gagnent 1 %. “On suit les tendances nouvelles du marché” explique-t-elle encore.
Baisse globale de la consommation
“Entre 2017 et 2022, le marché du vin français a perdu 20 % sur les rouges, 6 % sur les blancs et 3 % sur les rosés, la consommation globale recule dans le pays. Nous sommes à un moment où les habitudes de consommation changent, la jeune génération ne consomme quasiment plus de vin et préfère les bières ou les autres alcools. Mais ce n’est guère surprenant, ce sont aussi les habitudes alimentaires qui évoluent, on consomme parallèlement moins de viande rouge qui est traditionnellement accompagnée de vins rouges. Et, malheureusement, il n’y a aucun signe qui laisse penser que la consommation pourrait repartir” souligne-t-elle.
Sauf, peut-être, sur les blancs, couleur pour laquelle les Pyrénées-Orientales sont pour l’heure assez mal équipées ! “On voit se développer des blancs de noir, mais il y a un gros travail de réorganisation à engager” pour produire des blancs ou trouver également les moyens de mettre en marché des vins moins alcooleux, plus légers et fruités qui correspondent mieux aux goûts des consommateurs d’aujourd’hui. Et l’export ? Pas grand-chose non plus à attendre de ce côté-là à court terme.
Et progression de la production
“Vu la déconfiture du marché chinois, le fait que de plus en plus de pays produisent du vin, il y a un déséquilibre important sur le marché mondial avec une consommation inférieure à la production” résume encore Anne-Laure Pellet. Du côté des vins doux, la situation ne tranche pas avec celle des vins secs. “Nous sommes sur une tendance ancienne maintenant, avec une érosion continue des volumes. C’est – 7 % l’année dernière, à 102 000 hectolitres. Il y a fort à craindre que l’on passe sous la barre des 100 000 hectos dès cette année” signale-t-elle.
Dans ce cadre-là, comment se comportent les prix ? “Pour l’instant, les prix tiennent, malgré la baisse des sorties.” Les petites vendanges de ces dernières années, plus celle de cette année, les 100 000 hectolitres dirigés vers la distillation font office, pour le moment de pare-feu. Mais pour combien de temps ?