“Maître Artisan” : un titre d’excellence peu ou mal valorisé auprès de la clientèle ! [par Thierry Masdéu]

Professeur, docteur, chercheur, ingénieur… sont autant de titres évocateurs dans l’inconscient collectif qui véhiculent la notion d’études, de savoirs ou encore de transmissions et instaurent confiance. Pour autant, dans le domaine de l’artisanat, celui de “Maître Artisan”*, la plus haute distinction, est tout aussi respectable mais souffre de son manque de notoriété.

Une lacune à laquelle une quinzaine de Maîtres Artisans des P.-O. souhaitent remédier avec la création d’un club et la mise en place d’actions communicatives. La toute première, qui a lieu dernièrement à Rivesaltes, au siège de la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA), a réuni ce qui se fait de mieux en termes de représentativité artisanale. Métiers de bouche, du bâtiment, des services ou encore de la beauté… Un remarquable défilé haut en couleurs de mannequins, évoquait les quatre éléments.

Cérémonie des Maîtres Artisans, présentation au grand public des quatre grandes valeurs.

Soirée à la fois de séduction et informative sur le titre de Maître Artisan afin d’inciter d’autres professionnels à emboîter les démarches avec, pour l’occasion, la remise de cette reconnaissance à de nouveaux lauréats. Un label siglé d’un “A” rouge, couleur distinctive avec le “A” de couleur bleue qui identifie l’artisan traditionnel.
Cette cérémonie a aussi permis de dévoiler au grand public les quatre grandes valeurs auxquelles se sont engagés plus de 120 Maîtres Artisans labélisés sur les 20 000 artisans que compte le département. À savoir : l’excellence, l’éthique, la transmission et la créativité. Des fondements qui animent le quotidien de ces professionnels dont le parcours pour atteindre ce graal diffère si l’artisan est titulaire ou pas du brevet de maîtrise (BM) avec ses deux ans de pratique professionnelle. Dans le cas de la négative, ou que la section professionnelle en apprentissage ne propose pas ce niveau d’études, l’artisan dispose d’une autre alternative pour décrocher cette distinction. L’étude par la Commission régionale des qualifications, entité souveraine qui statue sur dossier par la preuve, le droit, d’accorder, d’ajourner ou de refuser ce titre.

Savoir-faire, transmission et valorisation

Cathy Bens, conseillère à la CMA auprès des entreprises, chargée de développement économique.

Une démarche qu’entreprend le professionnel, accompagné dans le montage du dossier par un agent de la CMA, comme Cathy Bens, conseillère auprès des entreprises. “Dans ces cas, l’artisan qui peut postuler pour une demande de Maître Artisan doit remplir trois critères fondamentaux. Premièrement, justifier d’au moins dix ans d’activité avec une inscription au répertoire des métiers. Avec présentation de fiches techniques sur les services, les productions, les labels, les prix de concours, etc. pour prouver un savoir-faire avéré” souligne l’accompagnatrice qui est aussi chargée de développement économique. “Le deuxième critère, qui est indissociable pour cette attribution, concerne la transmission de ce savoir-faire. Combien d’apprentis ont été admis dans l’entreprise sur les dix ans et quel en a été ensuite leur cursus professionnel ? Enfin, le troisième critère est établi sur les actions menées par l’artisan pour promouvoir l’artisanat. Comme ses disponibilités pour faire de la représentation du métier dans les collèges, lycées, salons, ou encore à être soit jury lors d’examens, soit adhérent syndical ou bien membre de confrérie…”

Florence et Julien Belmudes, Maître Artisan climaticien.

Savoir-faire, transmission et valorisation, des prérequis qui ont permis au dossier de candidature de Julien Belmudes, climaticien à Argelès-sur-Mer, d’être nominé au rang de Maître Artisan. “Je cherchais le moyen de faire reconnaître auprès de notre clientèle le travail de mon mari et la reconnaissance avec cette distinction est tombée en 2019, dix ans pile après avoir créé notre activité !” témoigne avec enthousiasme Florence, son épouse, en charge de la gestion et comptabilité de l’entreprise. “Dans mon cas, l’activité n’étant pas dotée de section en brevet de maîtrise, il a fallu patienter dix années pour être éligible !” complète Julien qui regrette tout de même le manque de notoriété de ce titre. “Au niveau des artisans, ce label est très gratifiant. Mais il a du mal à être reconnu auprès du grand public et ce soir nous avons bon espoir, avec cette première entame de promotion, qu’il représentera, au fil des mois, un critère aussi qualitatif pour les personnes qu’il l’est pour les professionnels !” Mettre en lumière une qualification du savoir-faire, c’est l’objectif affiché du futur club des Maîtres Artisans qui, n’en doutons pas, nous réservent d’autres évènements…

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