Demain sera bien

Les adultes ressemblent à des enfants qui ont grandi trop vite, dans des costumes trop sombres pour eux. Ils sont trop sachants, trop forts, trop beaux. Les limites du bac à sable se sont élargies. Leur terrain de jeux est désormais le monde, leur monde égocentrique, leur monde individualiste, leur monde insensible. Un morne hiver qui n’en finit plus gouverne avec jouissance, sacrifiant avec prouesse sagesse, intelligence et vertu. La bêtise crasse, la futilité, l’ignorance, la frivolité, l’orgueil, le crétinisme, les enfantillages méritent la Légion.
Ce monde a-t-il toujours existé ? Est-ce un simple sentiment d’une relativité du temps, d’une accélération des vices et du mal ? Quand est-ce que cela a basculé ? Depuis quand dans le pays des Lumières, la parole libre est étouffée, asphyxiée, bannie ? Depuis toujours, depuis que le monde est monde et rien n’y changera. Les vrais philosophes, pas ceux de pacotille, les grands écrivains, les véritables penseurs, les authentiques scientifiques ont toujours subi l’ostracisme. Mais ceux qui conservent encore en ce monde leur droiture, leur incorruptibilité, leur honorabilité suffoquent, s’étouffent, s’épouvantent. Les paroles sont de puissantes armes et par elles perlent des larmes de sang. Tristesse d’une illusion fantomatique, d’une vérité amère, d’une lucidité désenchantée.

Pourtant, lorsque je courbe l’échine vers cette Terre nourricière, lorsque mes mains apprivoisent la nature, lorsque mon visage endure le souffle du vent, je ne ploie pas, je ne m’asservis pas, je ne m’enchaine pas. Je suis. Je suis libre, vivante, vraie. Je suis un avec le macrocosme, avec le microcosme, avec l’Univers. Ingénuité, confiance puérile, espérance futile. Je crois. C’est tout ce qu’il y a à savoir : je crois. Je crois avec conscience à la paix universelle, au bonheur collectif et individuel, à la modeste sagesse, la puissance de l’intégrité morale. Paysans, nous œuvrons avec passion, sacerdoce et humilité. Gens honnêtes, œuvrez à l’édifice d’une bienveillante Humanité. Ne vous soumettez pas, réfléchissez, interrogez-vous, doutez, analysez et, surtout, soyez et restez libres.

Nota : Merci à Jean-Paul et à toute l’équipe de l’Agri pour ces huit années, ou presque, d’expression libre, spontanée, franche et réfléchie de nos humeurs, pensées, analyses et regard sur le monde dans lequel évoluent les paysans.

Une réflexion sur “Demain sera bien

  • 15 décembre 2023 à 1 h 54 min
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    Si le grain ne meurt !

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