Ce qu’il faut retenir cette semaine (2023-50) [par Yann Kerveno]
CIVR : de mal en pis
Les choses ne s’arrangent guère entre production et négoce au CIVR à en croire les rumeurs qui circulent à quelques jours de la fin de l’année. L’assemblée générale de l’interprofession devait se tenir le 18 décembre prochain, mais il semble qu’elle ait déjà été “reprogrammée” au 27 décembre. Et ce en raison du boycott annoncé du négoce lors de la première AG, à la manière du boycott organisé par la production lors de la dernière AG en juillet dernier. Boycott qui, empêchant d’atteindre le quorum, contraint à convoquer une seconde assemblée générale qui ne nécessite, pas, elle, de quorum pour être concluante.
Gamelle
Les chiffres sont malheureusement têtus pour les vins rouges du Roussillon. Un point a été fait sur la commercialisation lors de l’assemblée générale des Côtes du Roussillon et des Côtes du Roussillon village le 7 décembre dernier. Au cours de la dernière campagne, les sorties en Côtes du Roussillon rouge ont reculé de 15 % pour atteindre 45 694 hectolitres, les blancs, sous les 10 000 hl, régressant légèrement (- 2 %) et les rosés progressant un peu, pour atteindre 27 430 hl (+ 4 %). Pour les Côtes du Roussillon village et les appellations communales, le recul est encore plus marqué, – 23 % pour les “villages”, à 26 287 hl ; tandis que pour les communales, c’est Tautavel qui recule le plus : – 32 %. Les chiffres des sorties arrêtés au 31 octobre 2023 ne montrent aucune amélioration. Les Côtes du Roussillon villages perdent encore 27 % et les Côtes du Roussillon 13 %.
Stock
Ce ralentissement des sorties joue naturellement sur les stocks de vins dans les chais. En Côte du Roussillon, ils sont stables à 17 mois pour les rouges, progressent pour les rosés, 10 mois contre 7 et se réduisent pour les blancs, 7 mois contre 8. Dans les appellations communales, Caramany passe de 29 à 26 mois, Latour de 35 à 30, les Aspres de 32 à 33, Lesquerde 18 à 17 mois et Tautavel de 25 à 26 mois.
Malaise
Les difficultés sont telles que les esprits sont tendus, en témoignent les discussions menées autour des projets de l’ODG Côtes du Roussillon. Jean-Philippe Mari, président de l’ODG a annoncé vouloir tenir une vaste consultation avec le monde viticole, au printemps prochain, pour estimer la pertinence de la présence de l’ODG au sein du CIVR. Et le cas échéant tenir une assemblée générale pour décider d’en sortir ou non. Les producteurs regrettent qu’en ces temps de crise, les Côtes du Roussillon ne soient pas plus mis en avant et comme le faisait remarquer Jean-Christophe Bourquin, “on ne peut plus discuter de rien au sein du CIVR.” Alors que, ainsi que le faisait remarquer Jean-Philippe Mari, “les Côtes du Roussillon et les Côtes du Roussillon villages représentent 60 % des Contributions volontaires obligatoires abondant le budget de l’interprofession.”
Évolutions
Parmi les chantiers ouverts lors de l’assemblée générale des Côtes du Roussillon, Jean-Philippe Mari a proposé une réforme des cotisations pour mettre en place un système combinant hectolitres et hectares pour s’adapter au recul des surfaces et maintenir la capacité de l’ODG à assumer ses charges, notamment de contrôles. Une étude est également en cours pour éventuellement changer d’organisme de contrôle externe et réaliser des économies sur les prestations.