Madame, un peu de retenue s’il vous plait ! [par Gilles Tibié]
Selon les commentateurs avisés de l’histoire, Beethoven admirait le général Bonaparte mais détestait l’empereur Napoléon. Si j’osais, donc j’ose car dans l’Agri on a encore le droit d’oser, j’admire et vénère les femmes et je déteste les féministes radicalisées et arrogantes, qui plus est apôtres de l’idéologie “woke”.
Pas plus tard que ce samedi soir, invité chez des amis chers, j’ai eu la désagréable sensation de me sentir agressé, et même accusé, par une égérie du “wokisme” au motif que sur le sujet de Monsieur Hulot, qui je le rappelle a souvent été ma tête de turc dans mes chroniques, je me montrais prudent quant à l’acharnement médiatique dont il faisait l’objet. Dans l’anathème de cette dame, tout y est passé ! Le patriarcat, le colonialisme, les agressions dont sont victimes les femmes… Je crois avoir décelé au fur et à mesure de ses arguties que mon interlocutrice avait lu le dernier interview de Madame Rama Yade dans l’Express. Cette dernière, expatriée aux États-Unis après avoir bénéficié des largesses d’un “Maroquin” sous l’ère Sarkozy, revient en France pour porter la bonne parole du wokisme. Elle se considère agressée quand elle passe devant la statue de Colbert, trouve que le déboulonnage de certaines statues est un acte légitime et, paroxysme de l’intolérance, soutient que les femmes qui ne sont pas d’accord avec ses idées devraient se taire.
Bien évidemment, j’essayais d’expliquer que je ne pouvais que condamner et combattre ardemment les sarcasmes et les gestes vulgaires dont peuvent être victimes certaines femmes dans leur quotidien. J’essayai d’expliquer que France 2, la chaine du service public, n’avait pas à s’ériger en tribunal et qu’en tout et pour tout, il fallait faire preuve de discernement. Rien n’y fit ! Et c’est reparti sur la pédophilie, les affaires qui secouent le clergé, Poivre d’Arvor… Vous parlez d’une soirée !
Prisonnière de ses certitudes
Ayant diagnostiqué chez la dame en question le mal idéologique qui la rongeait, un brin provocateur, je saisis l’opportunité d’un créneau verbal pour lui expédier deux flèches dont, je le confesse, les pointes ne représentaient pas le désir.
La première atteint son talon d’Achille en ce sens que j’évoquais Mai 68 et son slogan “il est interdit d’interdire” qui avait ouvert la voie à une libération des mœurs et à une certaine impunité pour ceux (et celles) qui en avaient usés et abusés. Je pris innocemment comme exemple Monsieur Cohn Bendit, chantre soixante-huitard, dont les propos, en 1982, sur le plateau d’’Apostrophe, relatifs à la sexualité des enfants feraient aujourd’hui le buzz et condamneraient son auteur pour apologie de la pédophilie.
À cet instant, je devins à ses yeux le mâle blanc de plus de cinquante ans à abattre. Préférant l’attaque à la défense, je décochais ma seconde flèche. J’invitai “ma partenaire” à lire l’islam d’Avicenne. Face à son regard interrogateur, je lui indique que cet Islam était celui des lumières, le comparant à “notre” renaissance par rapport au moyen âge et à son obscurantisme. Transposant ce terme à la liberté bafouée des femmes musulmanes d’aujourd’hui, je soutins auprès de ma contradictrice qu’elle ne devait pas se tromper de combat féministe.
Je ne voulais qu’essayer humblement d’élever le débat, hélas, cette chipie se leva, enfila son manteau quitta la soirée prétextant ne plus supporter un tel discours. Elle ne l’a pas dit mais elle a pensé très fort au mot “Facho”. Pauvre fille prisonnière de ses certitudes ! Ce n’est pas ainsi, comme me l’ont très aimablement fait remarquer les autres, très féminines convives, que l’on défend l’honneur et l’intégrité physique des femmes.
À part ça ? Les douceurs de fin de repas furent excellentes.