L’Homme peut-il vivre en paix ?
Approchant le bac de philosophie, cette question a toute son importance. La paix est-elle possible pour l’Homme ? Cette paix douce et universelle dans laquelle chaque être humain pourrait s’épanouir est-elle viable ? L’Homme n’a eu de cesse de créer des conflits, des disputes, des différends, des guerres, pour assouvir sa soif de vengeance, entraînant dans son sillage d’autres vengeances dans un cercle sans fin. Nous serions pris dans une sorte de rond-point duquel il nous serait impossible de sortir. L’Homme semble se délecter de ces petits et grands conflits incessants. Nous déblatérons sur eux, cancanons, philosophons, disputons, discutons. Or, en aucune manière, après les évolutions civilisationnelles, nous ne sommes en capacité d’apporter la paix, la paix véritable emplie d’amour. Cette paix qui débute dans les foyers, auprès de nos proches, nos enfants, nos parents, frères et sœurs, cousins, cousines et qui se poursuit en politique et géopolitique.
J’ai cette fâcheuse impression que l’humain n’est fait que pour vivre dans la haine, la jalousie, l’amertume. Il se délecte des difficultés des autres et ne peut vivre que parce que ses propres difficultés toujours imputées aux autres le rendent existant, vivant. Il pourrait être question d’existentialisme, voire peut-être d’anti-existentialisme : l’Homme n’existe que parce qu’il se rapporte aux autres. Il vit certes en société mais ne fait pas corps avec elle. Il n’est maître de ses actes ou de ses valeurs que parce que ceux-ci semblent être en cohésion avec cette société alors qu’ils ne semblent être qu’imitation servile de ce que la société attend de lui, un conformisme exacerbé par la diffusion de l’information.
Émotion passagère
L’Homme ne se définit que par rapport aux autres : le jeu du copain dans la cour de récré, son téléphone qui est mieux que le mien, la maison du voisin plus spacieuse que la mienne, mes frères et sœurs préférés des parents, je t’aime moi non plus des compagnons de vie. La peur de ne pas être “In” dans cette société le pousse à rechercher des succédanés au travers de ce que la société impose. L’Homme n’a que fort peu usité la capacité à réfléchir par lui-même, l’exercice de son libre-arbitre le poussant à se libérer de ses chaînes asservissantes. Les progrès semblent nous conduire vers notre perte. Lorsque l’on change de degré de lecture, tout n’est que cupidité, convoitise, concupiscence, mensonges, avidité, conflits d’intérêt, corruption. Les 99 % de la planète sont sous le joug du 1 % des plus puissants. Nous espérons la paix, brandissons des pancartes, nous nous émouvons quelques instants des malheurs des autres. Mais au fond, notre émotion n’est que passagère. Nous sommes autocentrés sur notre propre individualité. Nous n’avons plus de moutarde pour nos sauces, c’est terrible. L’autre dort dans la rue, fouille dans les poubelles, mais tu te rends compte, “machine” a cassé son ongle devant la machine à café, c’est vraiment dingue ça nan ?