Lettre à Mathilde Panot, députée Nupes, spécialiste du climat [par J.-P. Pelras]

Madame,
vous avez récemment déclaré sur France Info, concernant les retenues d’eau, plus communément appelées “bassines”, qu’elles étaient une idée de Pinochet. Évidemment tant qu’à faire, et même si les cratères de volcans éteints étaient déjà utilisés 3 000 ans avant Jésus Christ, autant attribuer à ceux qui osent braver la pensée écologique ambiante, quelques réalisations dictatoriales servant ou non à collecter l’eau de pluie.
Vous devriez, à ce titre, condamner les barrages, puisque Franco en fit implanter un peu partout en Espagne, mais aussi les autoroutes dont Hitler était un adepte fervent et, entre autres édifications despotiques, quelques ponts dont le plus long du monde, celui de Danyang Kunshan, se situe en Chine, pays réputé pour ses penchants démocratiques…

Tout est bon chez les nouveaux ambassadeurs du climat pour nous rappeler où se situe le camp du bien et celui du mal, quitte à verser dans la comparaison grossière tant qu’elle n’effleure pas le culte de Trotski, Castro et autre Chavez, chers au chef de file d’une France insoumise dont la sympathie envers certains autocrates n’est plus à démontrer. Ou comment le climat est devenu ce fonds de commerce dont une certaine gauche, qui n’en est plus à un paradoxe près, s’est subitement emparée.
Lors de cette émission, vous avez d’ailleurs déclaré : “Nous avons connu les 7 jours les plus chauds sur les 100 000 dernières années”. Affirmation rapidement contrée par ceux qui vous ont rappelé que les relevés de températures détaillés existaient depuis seulement 1850. Ensuite, bien évidemment, il faudrait remonter à la période précèdant les cent derniers millénaires et ce qui correspondait soi-disant (avec un delta de 90 000 ans…) à une période glaciaire. Un saut dans le temps qui n’entre peut-être pas dans votre champ de compétences scientifiques, sachant qu’à cette époque l’activité humaine, que vous fustigez à l’avenant, était bien entendu plus qu’anecdotique.

Mais revenons à ce et à ceux qui impactent le climat, responsables selon vous (avec la police pour d’autres aléas…) des menaces qui pèsent sur nos sociétés, sur notre modus vivendi, sur nos territoires. Un combat que vous menez aux côtés de Sandrine Rousseau, “députée des réseaux sociaux”, avec le courage qui caractérise ceux qui sont appelés à entrer dans l’histoire. Madame Rousseau qui, même si elle a été vue attablée avec Autain, Mélenchon et Coquerel devant une tranche de jambon, déclarait tout de même : “La consommation de viande est l’une des causes des feux et fortes chaleurs.” Après avoir précisé que la tranche en question avait été “mangée le 12 juin 2021”, soit deux ans avant la tenue de ses propos végétariens, elle rajoute, toujours sur Twitter : “Je pose ici que pour espérer ralentir la catastrophe climatique il faut réduire de 70 à 80 % la quantité de viande que l’on mange. Pas la peine, forcément, d’aller à 100 %. (ADEME). Si toutefois votre motivation est la cause animale, alors il faut arrêter complètement.” Ou encore “La consommation de viande est une des causes de ce qui se passe en Algérie, Espagne, Grèce, Chine, Arizona et partout. Se prendre en photo, tout sourire, avec un morceau de viande, aujourd’hui, c’est cracher à la figure de celles et ceux qui fuient, brûlent, meurent de chaleur.” Le message ne précisant pas s’il existe une quelconque dérogation concernant la charcuterie…

Sincèrement, Mesdames, pensez-vous que nous vous versons une indemnité parlementaire mensuelle de 7 605 euros bruts (hors frais de mandats et autres avantages liés à la fonction) pour nous donner des informations sur le yoyo des thermomètres et nous prodiguer (ou nous imposer) des conseils concernant le contenu de nos assiettes ?
La politique française en serait-elle réduite à savoir si nous devons préférer le jus de navet au faux filet et la mare naturelle aux bassines de Pinochet ? Ou bien est-elle en train de s’enfoncer inexorablement dans les sables mouvants d’une pensée tout autant sordide qu’hallucinée ?

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