Lettre à Arnaud Rousseau, président de la FNSEA,  qui doit faire respecter les agriculteurs français [par Jean-Paul Pelras]

Arnaud,
commençons par cet extrait prélevé dans une tribune publiée le 5 juin par France info : “Souhaitons-nous continuer à privilégier un modèle d’agriculture intensive et destructrice, entre prélèvements excessifs et méga-bassines, au détriment d’une agriculture paysanne, nourricière et économe en eau ?” Intitulé “Boire ou gaspiller, il faut choisir”, le texte est signé (sur le service public…) par des associations ou ONG comme Attac, Alternatiba, Oxfam ou encore Greenpeace et Dernière rénovation.

Dans le même temps, un autre slogan inonde les réseaux sociaux. On ne peut plus explicite, il s’intitule : “100 jours pour les sécher”. Diffusé par Les soulèvements de la terre, association, rappelons-le, menacée de dissolution par le gouvernement, le tutoriel, symbolisé par un poing levé tenant une clé à molette, désigne nommément la FNSEA et les organismes considérés ici comme étant “les acteurs du complexe agroindustriel”. Et l’on peut lire : “Cela commencera par enquêter localement pour identifier les cibles. Il nous appartient de prendre les mesures vitales qui s’imposent, de passer à l’action de jour comme de nuit, à 10 comme à 100… D’imaginer ensuite les modes d’action pour leur en faire voir de toutes les couleurs…” Parmi les conseils prodigués sur le lexique incitant à perturber certaines activités économiques ou à détruire l’outil de travail, nous relèverons ce passage : “Il vous suffira de bien choisir votre cible (bassines de plus de 200 000 m3 servant à l’irrigation de l’agro-industrie) de repérer un ouvrage perdu entre les champs et de vous munir d’un cutter !”

Pendant ce temps Marine Tondelier, présidente d’EELV, se sustente chez Politiques à table (LCP) tout en nous rappelant devant “un plat de frites au maroilles”, que la Cour des comptes (celle qui vient de suggérer la diminution du cheptel bovin français…) estimait à 1 € la vente d’une salade bio contre 70 centimes pour une salade conventionnelle. Sauf que, selon l’écologiste, la conventionnelle avait coûté 17 à 27 fois plus à la société. Et ainsi de suite, tout à l’avenant, jour après jour, de plateaux télévisés en émissions de radio en passant par les unes de journaux plus ou moins dévastatrices qui s’en prennent, sans retenue ni contradictions, aux pratiques agricoles comme au modus vivendi paysan.

Lors de notre précédent échange téléphonique, nous avons abordé la question de l’acharnement, encouragé et relayé par de nombreux médias, qui contribue à diviser notre société. C’était il y a quelques semaines, un mois peut-être. Tu venais d’être élu à la tête de la FNSEA et je venais justement d’écrire à Marine Tondelier pour lui signaler qu’elle se trompait de combat en soutenant les activistes de Sainte Soline. Depuis, il faut bien le reconnaître, à en juger par le florilège non exhaustif d’exemples cités précédemment, rien ne s’est amélioré, bien au contraire. Faut-il en déduire que la FNSEA a décidé d’ignorer les menaces pour préférer à la riposte (médiatique) l’indifférence et l’assoupissement ?

Critiqué depuis des décennies, jusque dans ses rangs, pour sa complaisance à l’égard de certaines politiques publiques, le syndicat majoritaire et avec lui une grande partie du monde agricole, peut-il prendre le risque de se laisser mépriser et provoquer impunément, indéfiniment ? La question est posée. Et le temps passe qui apporte, jour après jour, son lot de discrédits, de mensonges supplémentaires. Les allégations gratuites infondées, non vérifiées, lancées depuis quelques studios lutéciens par celles et ceux qui cautionnent l’activisme anti-agricole, favorisent deux choses : l’adhésion d’une partie de la population de plus en plus sensible à ces accusations et à une certaine désinformation anxiogène. Et l’exaspération, voire la colère, d’un monde paysan injustement outragé.
Tu me demandais de continuer à défendre l’agriculture dans mes éditos, dans mes tribunes. Je le ferai encore pendant quelques temps. Mais que pèsent les mots d’un agriculteur devenu journaliste si les responsables professionnels ne sont plus capables de passer devant ?

Bien cordialement.

Une réflexion sur “Lettre à Arnaud Rousseau, président de la FNSEA,  qui doit faire respecter les agriculteurs français [par Jean-Paul Pelras]

  • 8 juin 2023 à 6 h 05 min
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    La Fdsea nous défend , cela dit c est vrais qu elle m a toujours semblé promouvoir l intensification des exploitations, ce qui est pour moi une erreur, pour amélioré son exploitation il ne faut pas produire plus et investir toujours plus (personnellement, ça m a envoyé en problème financier et Burnout), mais on est mieux dans une structure modéré aux quel on a la possibilité de vivre mieux avec des produits et des charges beaucoup mieux metriser.

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