Les “gros mots” de Jean-Paul Pelras : Fiasco !

Osons la formule « quel fiasco », afin d’emprunter au terme usité par nos consœurs Emmanuelle Ducros de l’Opinion et Géraldine Woessner du Point, pour qualifier ce que fut le premier jour du Salon de l’agriculture. Un terme qui valut une bordée de critiques à ces journalistes, en particulier lorsqu’elles ont donné le nombre de participants au déjeuner présidentiel. Tweet d’Emma Ducros : « Déjeuner du président de la République au SIA 2024 dans un restaurant en état de siège, deux ministres, deux présidents d’interprofessions (fruits et légumes, pommes de terre fraîches) sur 33, une poignée d’officiels. La tentative d’organisation à la dernière minute : fiasco. » Un fiasco qui débuta jeudi, quand la liste des invités au débat voulu par Emmanuel Macron fut dévoilée. Avec en guest stars les syndicats agricoles, Leclerc, Bigard, Lidl…, Générations futures, Réseau action climat, Riposte alimentaire (ceux qui jettent la soupe sur les tableaux) et, entre autres activistes écolos, Les Soulèvements de la terre. Mouvement, rappelons-le, qui saccage régulièrement les installations agricoles.

Dans la soirée, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, twette ce message : « L’invitation par le PR au SIA d’un groupuscule dont la dissolution a été demandée par son propre (gouvernement) est une provocation inacceptable pour les agriculteurs. J’avais accepté de participer à un débat. Dans ces conditions, je refuse de prendre part à ce qui ne sera qu’une mascarade. » Un peu plus tard, l’Élysée annonce que Les Soulèvements de la terre ne sont pas conviés. Emmanuel Macron niera le lendemain avec force les avoir invités. Ce qu’affirmera pourtant le mouvement activiste dans un tweet « C’est faux. Cela a été annoncé en conférence de presse, les cabinets de Pascal Canfin et Gabriel Attal ont essayé de nous joindre afin de nous transmettre une invitation. »
La FNSEA envisage alors de revenir autour de la table. Mais la pression est forte et le monde agricole, dont une partie réclamait déjà le boycott du Salon, souhaite que les responsables de la profession déclinent purement et simplement l’invitation. Arnaud Rousseau s’exécute, son syndicat n’en sera donc pas. Ou comment le « maître des horloges » n’est pas celui des consciences. Et ce, à l’heure où il (ses conseillers, peut être…) venait de commettre une bourde historique, alors que son Premier ministre avait essayé de déminer le terrain en tirant au cordeau son petit train de mesures.

Alors qui a conseillé Macron ? Qui a dressé la liste des invités dans un contexte où il fallait, de toute évidence, inviter les écologistes afin d’atténuer leur courroux concernant la « mise sous tutelle » de l’OFB, l’abandon du NODU et autre relecture d’Ecophyto ? De toute évidence, selon Geraldine Woessner (Le Point) : « Le conseiller agriculture du président, Matthias Ginet, et son supérieur direct, chef du « Pôle écologie, agriculture, énergie, transports, logement » Benoit Faraco ». Le premier étant proche de Pascal Canfin, député européen, président de la commission Environnement. Le second ayant été porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot, conseiller de Canfin dans le gouvernement Hollande puis de Hulot dans celui de Macron.
Rajoutons à cela le communiqué de Michel Édouard Leclerc qui dénonce « un ramdam ressemblant à un coup de com’ » et dit également ne jamais avoir été invité à ce grand débat par le président de la République.

Le reste, vous le connaissez ou presque : des CRS, des bousculades, des interpellations, un président, ultra-protégé dans sa bulle, qui aura finalement passé toute la journée au Salon, se sustentant, se déshydratant, entre deux échanges et trois selfies. Là où, magnétisme présidentiel oblige, le miel l’emporte sur le fiel. Et le placebo sur le chaos. Fiasco !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *