Légumes d’hiver : inquiétudes pour Noël [par Yann Kerveno]

La fermeture de la restauration jusqu’en janvier augmente le risque de surproduction au moment des fêtes de fin d’année.

Les annonces du président de la République n’auront pas allégé l’inquiétude des filières agricoles ou alimentaires. En maintenant la restauration fermée pour cause de Covid, c’est un pan entier des débouchés habituels des produits agricoles qui reste silencieux. Et pèsera sur les résultats de l’année des fournisseurs de ces circuits. À Ille Roussillon, Julien Batlle ne cache pas son inquiétude. “Nous vivons une situation assez étrange, très différente du premier confinement. En mars et avril derniers, les gens étaient bloqués chez eux, télétravaillaient ou ne travaillaient pas, ils avaient plus de temps, cuisinaient plus. Cela s’était traduit par une augmentation très forte de la consommation des produits de première gamme, légumes en tête. Sur ces six semaines, nous avons connu des évolutions de 30 à 40 % d’activité en plus par rapport à la même période de 2019.” Ce deuxième confinement partiel que nous connaissons a provoqué des réactions très différentes selon lui. “Tout le monde travaille, donc il y a moins de temps libre, les consommateurs rechignent à se déplacer, ils n’ont pas spécialement envie de cuisiner de fruits et légumes frais…”

40 % des flux en moins

Si ce report avait bien joué au premier confinement pour tamponner la mise à l’arrêt de la restauration commerciale ou collective, cette fois, ce n’est donc pas le cas. Interviewé avant l’allocution présidentielle, Julien Battle se disait très inquiet pour les restaurateurs si l’interdiction de travailler qui leur est faite était maintenue jusqu’en janvier… “Aujourd’hui, pour nous fournisseurs c’est aussi inquiétant. Toute la restauration commerciale est fermée, la restauration collective est fermée aux deux tiers, cela signifie que trois quarts de l’activité ont disparu avec ces débouchés qui représentent 40 % des flux.” Et sans report, cette fois, vers la grande distribution comme au printemps. Pour autant jusqu’ici, mais ce qui est valable aujourd’hui ne le sera peut-être pas dans un mois, il n’y a pas de stocks sur les produits frais. “C’est très difficile mais nous arrivons à placer tous nos produits. Il faut être très présents auprès de nos clients, mais nous parvenons à écouler les produits” explique-t-il. Concédant toutefois que ces difficultés pèsent largement sur les prix.

Quatrième gamme plantée

“C’est une concession obligatoire pour nous aujourd’hui, les prix sont en moyenne de 30 % inférieurs à ce qu’ils étaient l’année dernière à la même période. Maintenant, nous n’avons pas de stocks mais les invendus pourraient largement compliquer la situation de la filière au moment des fêtes de fin d’année.”
Valable pour les produits de première gamme, cette situation n’est pas reproductible pour la quatrième gamme. Selon nos informations, l’usine Florette de Torreilles tourne à 50 % de sa capacité, en raison de la limitation au drive de l’activité de McDonald’s et la fermeture de toutes les chaînes de restaurants, grands consommateurs de salades à assembler. Sollicitée par nos soins, à la fois au printemps et il y a dix jours, la direction de Florette Torreilles n’a pas souhaité répondre à nos questions.

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