Papi et mamie à la cuisine !

“Pas bouger”, ils devront rester près des fourneaux et des casseroles, on leur fera passer la moitié de la bûche au chocolat en leur laissant la part avec la petite figurine du Père Noël ou celle du lutin en train de scier un sapin – c’est plus festif. C’est pour leur bien, puisqu’on vous le dit. Pourra-t-on laisser la porte ouverte ou faudra-t-il aménager un passe plat ou une trappe genre à chat ou à chien ? Il faut attendre les consignes gouvernementales. Renouer avec la tradition séculaire de la “part du pauvre” mais pas à sa table, sécurité oblige, dans un coin ailleurs et donc, selon le directeur national de la Santé publique, dans la cuisine, comme autrefois dans certaines familles bourgeoises, dans les “communs” réservés à la domesticité. Les enfants, libérés de leurs cellules à pestiférés du premier confinement, pourront courir autour du sapin acheté en “click and collect” et attendre la venue du Père Noël avec, en guise de petits sablés à la cannelle pour l’accueillir, un distributeur de gel hydro-alcoolique et un masque chirurgical de rechange. Merci Monsieur le président, nous allons pouvoir célébrer Noël ! La dinde, préventivement ébouillantée, les marrons ou les truffes préalablement stérilisés, les vins et les alcools à 60° au moins de titrage (euh, non, ça c’est pour les gels selon l’Agence nationale de sécurité du médicament), on va pouvoir faire la fête avec ces grands-parents qu’on a réussi à ne pas mettre en Ehpad mais qui restent interdits de messe de minuit !

Les gendarmes en “Père fouettard” ?

Comment en sommes nous arrivés là ? C’est la guerre, nous sommes en guerre ne cesse de rappeler notre “Père de la Nation” et, en temps de guerre, il faut ce qu’il faut. Un code de conduite, ou plutôt un code de discipline imposé “pour le bien de nos aînés” avec la menace de cette sanction quasi-divine pour les petits enfants qui voudraient leur faire un bisou ou un câlin, de passer le reste de leur vie dans la culpabilité d’avoir contaminé papi et mamie à Noël 2020 !
Bon, des contrôles, il faudra bien des contrôles parce que sinon, on le sait bien, les français.es sont indiscipliné.e.s et ils vont “tricher” ! La maréchaussée devra t-elle venir vérifier dans nos maisons et appartements ? Exigera-t-on un justificatif d’état de santé des grands parents auxquels on va donner de la bûche au chocolat ? À combien de grands- parents a-t-on droit (les familles recomposées peuvent très bien s’entendre) ? Combien de papis et de mamies consigner dans la même cuisine, de quelle surface minimale ? Autant de questions sur lesquelles le gouvernement doit encore “plancher” et auxquelles nous attendons des réponses.
“…et auxquelles nous attendons des réponses” ??? À quelle profondeur de détresse psychologique sommes-nous tombés pour en être à ce degré de dépendance ? Sous couvert de sécurité, nous avons accepté déjà depuis près de vingt ans et sans mot dire, ce glissement de nos politiques criminelles, vers ce mouvement de “sécuritologie” (comme on dit en criminologie) faisant de nos policiers et de nos gendarmes, non plus tant ces agents veillant au respect de la loi, mais des outils de maintien de l’ordre, d’un ordre décidé par nos dirigeants, pas toujours exemplaires. Mis au premier rang sur le front des contestations sociales en tous genres, vilipendés et à bout de nerfs, les gardiens de la paix ont été transformés en gardiens plus ou moins zélés du pouvoir en place. Va-t-on à présent leur donner l’ordre de contrôler le Père Noël et de vérifier où mangent papi et mamie ? Les discours contradictoires sur la pandémie, les avis divergents et tout aussi doctes des spécialistes et autorités, les chiffres des décès, des lits occupés ou libérés ou manquants, les taux et nuances de vert, rouge puis orange, rouge, rouge foncé et très foncé, les chiffres, encore les chiffres, on ne sait plus de quoi d’ailleurs… Ont-ils assommé toute conscience et tout bon sens ?

Au fait, qui va établir l’attestation de déplacements professionnels du Père Noël pour la nuit du 24 décembre ?

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