Tomates : un avertissement sans frais

Les producteurs de tomates du sud de la France s’étaient donné rendez-vous ce jeudi 16 mai à Perpignan pour protester contre la présence grandissante des tomates marocaines sur le marché.

Puisque le point d’entrée de la tomate marocaine en France, c’est Saint-Charles, Perpignan était une place toute désignée pour l’action menée jeudi 16 mai à l’appel de Légumes de France, de la FDSEA 66 et des Jeunes Agriculteurs de Pyrénées-Orientales. Une centaine de producteurs étaient présents. Le premier temps de l’action a consisté à vérifier le chargement de camions quittant l’autoroute au péage Sud pendant une paire d’heures. Pendant ce temps-là, d’autres manifestants faisaient le tour des supermarchés et hypermarchés de la périphérie de Perpignan pour contrôler la provenance, mais surtout l’étiquetage des tomates en rayon. C’est sur Intermarché Canohès, dont les produits venus du Maroc n’étaient pas correctement étiquetés, qu’est ensuite tombé la foudre avec une visite des producteurs pour apposer des autocollants « Maroc » et bien indiquer aux consommateurs l’exacte provenance des produits. Juste avant un pique-nique improvisé devant les locaux d’Azura dans la zone de Saint-Charles…

Maroc vs France

Les producteurs entendaient dénoncer la présence de plus en plus importantes de tomates marocaines chez les distributeurs français. « certains ne jouent pas le jeu, comme Carrefour ou Leclerc, à l’inverse de Lidl, par exemple, qui ne met en rayon que des produits français » expliquait Bruno Vila, président de la FDSEA 66 et co-président de Légumes de France. Dans un communiqué, Légumes de France explique que « La production française de tomates cerises est actuellement assez importante pour répondre à la demande des consommateurs, mais elle se heurte au choix délibéré des enseignes de la grande distribution de délaisser les tomates françaises au profit des tomates marocaines. Alors que les producteurs marocains bénéficient d’un avantage compétitif majeur avec un coût de la main-d’œuvre que les producteurs français ne pourront jamais concurrencer (salaire brut horaire chargé employeur de 0,98 €/h au Maroc contre 13,77 €/h en France), le choix de l’Europe est… de ne pas bouger. »

+ 40 % en 10 ans

Les producteurs protestaient également contre la quasi-absence de barrières douanières et réclamaient la révision des accords commerciaux liant le Maroc et l’Union européenne et la modification des conditions d’affichages de l’origine du produit, question récurrente de ces dernières années. Pour répondre à la demande des consommateurs qui mettent l’origine en deuxième place de leurs critères d’achats. Entre 2014 et 2023, les importations de tomates marocaines de l’Union européenne sont passée de 345 000 tonnes à plus de 492 000 tonnes.

Yann Kerveno

Les revendications

Dans le cadre des élections européennes, les producteurs français de tomates demandent aux futurs députés européens de se mobiliser en faveur : d’une révision des accords UE-Maroc portant sur les produits agricoles ; d’une révision du règlement information consommateurs visant à un affichage plus visible pour les consommateurs français de l’origine des produits : l’impression du drapeau du pays producteur avec une hauteur de 15 mm minimum. Et à proximité immédiate du drapeau, la conservation de la mention écrite d’origine selon la hauteur de corps de caractère spécifiée dans l’actuel règlement Information consommateurs ; la mention du marquage d’origine du produit apposée sur la face supérieure de l’emballage (face la plus visible en rayon) ; la mention du lieu et du pays d’emballage doit être écrite en taille de caractère inférieure à celle du pays d’origine.

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