Leclerc : un “coût” de baguette qui ne passe pas ? [par Thierry Masdéu]

La récente opération de communication de l’enseigne E. Leclerc a, c’est le moins que l’on puisse dire, jeté un grand froid dans les fournils et mis en colère toute la profession des artisans boulangers-pâtissiers.

L’annonce faite sur RMC mardi 11 janvier par Michel-Édouard Leclerc, de bloquer le prix de vente de la baguette de pain à 29 cts d’euro, pour au moins les quatre prochains mois, a vivement été critiquée. Que ce soit au sein des filières et syndicats agricoles (voir ci-contre) comme au niveau de la Confédération nationale de la boulangerie et boulangerie-pâtisserie française. Avec ce prix de 10 à 16 cts inférieur à celui de ses principaux rivaux de la grande distribution, le président du comité stratégique des centres Leclerc se défend et réplique. Il a même annoncé, chez nos confrères de Capital, que certains de ses magasins proposaient déjà le prix de la baguette à 27 voire 23 cts d’euros. Des propos qui exaspèrent et n’étonnent plus l’artisan boulanger Emmanuel Castro, dirigeant du “Fournil des Albères” à Laroque-des-Albères. “C’est honteux et fallacieux ! Avec ce type de communication, se donner l’image du Robin des Bois des temps modernes, disant qu’il est là pour aider les pauvres gens à se nourrir ! À se nourrir comment, à se nourrir avec quoi ? En merde, qu’il leur file, c’est ça qu’il faut dire ! Qu’il nous donne ses sources, ses coûts et origines des farines, et vous verrez bien que derrière il y a aussi des groupes qui lui appartiennent !” dénonce avec fermeté l’artisan boulanger, qui ne voit dans cette action qu’un énième stratagème commercial de l’enseigne pour s’attirer avec ce produit d’appel d’avantage de clientèle et nuire à nouveau aux artisans boulangers.

Et la réglementation…

Œuvre de bienfaisance, opération commerciale, stratégie de marché, déstabilisation de la concurrence ? En exposant sous les feux de la rampe médiatique cette mise en scène du prix de la baguette, véritable symbole et marqueur du pouvoir d’achat des Français, les agissements commerciaux de l’enseigne suscitent certains questionnements. Notamment sur les coûts réels de fabrication en une période d’augmentation des prix des matières premières et des énergies. Mais également sur la réglementation de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) qui interdit, sauf pour 7 exceptions*, de vendre un produit en dessous du prix de revient.

* https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/ Publications/Vie-pratique/Fiches-pratiques/revente-a-perte

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