Emploi : taxis et ambulanciers ont du mal à recruter

La crise sanitaire aurait-elle aussi déstabilisé l’offre et la demande sur le marché de l’emploi ? La réponse est affirmative et la pandémie n’a fait qu’aggraver une situation qui, pour certaines professions, étaient déjà sous tension, notamment dans le secteur de l’artisanat.

Que ce soit au niveau local, régional, national, européen et même sur d’autres continents comme les États-Unis et la Chine, les conséquences de la Covid-19 ont remis au premier plan l’importance que représentent le maintien, l’attrait et le recrutement d’une main d’œuvre plus ou moins qualifiée, indispensable au développement des entreprises. Alors, après une année 2021 où la pénurie des matières premières a déclenché la hausse des prix, celle de la main d’œuvre sera certainement, pour 2022, le point d’orgue qui, à son tour, va ralentir la croissance économique de la France.

Depuis l’annonce du premier confinement, le 14 mars 2020, sur les plus de 8 millions de salariés mis en activité partielle, plusieurs centaines de milliers d’entre eux n’ont jamais réintégré leurs emplois initiaux. Changement de vie pour les uns, avec d’autres priorités que le travail, reconversion professionnelle pour certains, installation à leur compte pour d’autres, cet effet “d’accélération Covid” sur lequel est venu s’ajouter celui du remplissage des carnets de commandes, n’a fait qu’amplifier les difficultés de recrutement. Un paradoxe pour une situation inédite, que craignaient déjà à l’époque les chefs d’entreprise, et qui continue à générer une pénurie de main d’œuvre dans plusieurs secteurs d’activité. Les plus significatifs, comme l’hôtellerie, bar et restauration, qualifiés, entre autres, de “non essentiels” et impactés par les longues fermetures administratives, mais aussi les métiers du bâtiment, ou de la coiffure et, plus inattendu, celui de la logistique et des transports en général.

Une activité bouleversée par le Plan blanc

Même le secteur des taxis et ambulanciers, professions pourtant très sollicitées au plus fort de la crise sanitaire, doit faire face à une désertion parmi ses rangs. Une préoccupation centrale pour Philippe Corbelli, président du centre de qualification et formation des taxis des P.-O. (CQFT). “Ces métiers n’ont plus le même attrait que par le passé et les personnes n’ont plus envie d’exercer une activité professionnelle avec des amplitudes d’horaires conséquentes et des week-ends travaillés ! Les gens recherchent des horaires de bureaux et un boulot serein” témoigne, en connaissance de cause, cet artisan qui peine également au recrutement de ses propres équipes. “Actuellement, aussi bien pour tout ce que l’on nomme dans notre jargon le « transport blanc » ou le « transport noir » pour ce qui est du funéraire, il faudrait, pour que mes activités soient moins en tension sur les deux structures que je pilote, compléter mes effectifs avec 10 collaborateurs supplémentaires que je ne trouve pas !”

Cette urgence de recrutement est généralisée pour l’ensemble de ces professionnels du transport à la personne, qui accusent une moyenne déficitaire de 10 % de leurs effectifs, obligeant parfois le maintien des véhicules à l’arrêt.
D’ailleurs, une petite enquête de l’UPA66, réalisée en fin d’année 2021, faisait déjà apparaître une attente de près de 70 postes à pourvoir dans l’immédiat. Une conjoncture qui déstabilise l’organisation des services de missions sanitaires, notamment lors des déclenchements et arrêts successifs du “Plan blanc”. “À chaque fois que les interventions médicales non urgentes sont différées et que les hôpitaux libèrent ensuite ces soins, nous devons faire face à un afflux massif de demandes des patients ” souligne Philippe Corbelli qui doit, comme ses confrères, gérer avec un manque d’effectif un nombre très élevé de transports. Un nouveau besoin qui affiche des chiffres spectaculaires de demandes, concentrées sur quelques périodes, qu’en temps normal la profession arrivait à lisser sur une année civile.

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