Le Local : et maintenant, changer d’échelle

En quelques mois d’activités, la plateforme Le Local a fait la preuve de sa pertinence. Et veut maintenant changer d’échelle.

Il y a des lustres, depuis que la distribution a allongé les circuits d’approvisionnement, que revenir au local est une tentation. Pour diminuer le nombre d’intermédiaires, mieux répartir la marge et puis faire progresser la qualité, s’est ajoutée cette préoccupation plus récente, l’empreinte carbone… Limiter le trajet des produits allège toutes les factures, c’est bien connu. Quand elle a pris son bâton de pèlerin pour vanter les produits des Pyrénées-Orientales auprès des acheteurs de la restauration collective, Mélanie Sinotte, commerciale du projet, a vite senti l’intérêt créé par la démarche dans la restauration collective, première cible de la démarche.

“Le Local a été créé comme une plateforme de distribution de produits locaux et de produits bio” explique Sophie Gabolde, cheffe du service alimentation et circuits de proximité de la Chambre d’agriculture, “avec dans l’idée de regrouper l’offre des producteurs pour pouvoir servir la restauration collective dans le département mais aussi toutes les entreprises en recherche de produits agricoles locaux.” Pour donner corps à l’idée, plusieurs partenaires ont été réunis autour de la table par la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales, le Civam bio, le Département, l’agglomération Perpignan Méditerranée et les établissements scolaires agricoles. Puis, au temps de la concrétisation, c’est la forme coopérative qui a été retenue avec la création de la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) Le Local.

Économie sociale et solidaire

“Mais attention, Le Local n’est pas un grossiste de plus dans le département, sa vocation est différente” prévient Sophie Gabolde. “Cette démarche s’inscrit pleinement dans le champ de l’économie sociale et solidaire et doit œuvrer pour proposer un prix qui soit juste pour le producteur, apte à garantir sa rémunération, et en même temps pour le consommateur.” Autour de la table, en plus des partenaires publics et associatifs de la première heure, sont présents des producteurs, les fournisseurs réguliers étant invités à entrer au capital de la SCIC.
Depuis son début d’activité, c’était en juin dernier, la SCIC a livré 39 tonnes de produits bios et 22 tonnes de produits conventionnels, principalement des fruits et les légumes. “Notre gamme est pour l’instant centrée en effet sur les fruits et légumes, en réponse à la demande des acheteurs sur ces filières aux opérateurs multiples, ainsi que les œufs, mais nous travaillons sur l’élargissement de la gamme, notamment yaourts et viandes en complémentarité avec les opérateurs existants” ajoute-t-elle.

Appels d’offres

En parallèle se pose aussi la question du changement d’échelle. “Pour l’instant, nous avons pu travailler dans les marges de manœuvre qui sont laissées aux cuisines à côté des appels d’offres, mais pour stabiliser l’entreprise, il faudra aussi que nous puissions nous placer sur ce segment des marchés publics pour accéder à des volumes conséquents.” Cet apprivoisement des procédures est en cours, deux premiers appels d’offres émis par l’hôpital de Thuir et le groupement d’achats Nourrir ma tribu ont déjà été remportés par Le Local.

Dans la pratique, les producteurs apportent leurs produits à Saint-Charles où la plateforme dispose d’un bureau et d’un frigo. “Ensuite, nous préparons les commandes et elles sont enlevées par un transporteur local qui les intègre dans ses tournées, pour optimiser les tournées et limiter les coûts. Nous essayons également de recevoir les produits quand les producteurs viennent sur Perpignan pour tenter de ne pas générer de transports supplémentaires” explique Mélanie Sinotte.

Ouvert à tous

Une cinquantaine de fournisseurs se sont déjà agrégés autour du Local, qu’ils soient collectifs comme La Melba, l’organisation de producteurs Nat et Bio ou Sibio, ou des producteurs individuels. Et les débouchés ne sont pas limités à la restauration collective… “Nous avons vocation à regrouper l’offre pour tous les circuits de vente qui peuvent avoir besoin de produits locaux, de magasins spécialisés aux stands des producteurs qui peuvent compléter leur propre offre auprès de la SCIC. Le réseau régional APPRO des plateformes ouvre aussi des débouchés en Occitanie” précise Sophie Gabolde. “C’est une vraie opportunité pour les producteurs de pouvoir accéder à une clientèle qui leur est difficile de convaincre, ou de servir, s’ils restent seuls, parce qu’il faut de l’homogénéité dans les produits, qu’il faut des volumes” et qu’il n’est pas facile de répondre aux appels d’offres et que les procédures et paiements peuvent se révéler complexes et longs.

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