Pêche et nectarine : une année de grand déficit [par Yann Kerveno]

Il manque environ un million de tonnes de pêches et nectarines en Europe cette année à cause du gel.

Il n’y aura pas eu de surprise. Les terribles conditions météo du printemps 2021 laisseront une trace majeure dans l’histoire de la pêche et de la nectarine européennes. À bien regarder les chiffres des estimations de production pour la campagne en cours, plusieurs choses sautent aux yeux. La première c’est que c’est la Grèce qui a payé le plus lourd tribut à la météo. Avec des dégâts si importants qu’ils font reculer la production de près de moitié par rapport à 2020, année qui avait déjà été qualifiée de déplorable… Avec 160 000 tonnes de pêches et nectarines, plus 200 000 tonnes de Pavie, les prévisions grecques sont inférieures de 45 % à la récolte 2020 et 47 % par rapport à la moyenne 2019-2015. Et rien n’assure que les arbres, fortement touchés par le gel, vont conserver les fruits qu’ils portent expliquait le représentant des producteurs grecs. En Italie le gel a aussi frappé, à la fin du mois de mars et jusque, comme en France, la funeste nuit du 7 au 8 avril qui a frappé la quasi totalité des bassins de production du pays, à l’exception des plus méridionaux. L’accident météorologique est en plus combiné à une réduction sensible des surfaces, elles sont en recul de 5 % entre 2021 et 2021.

8 nuits en dessous de zéro

“Les producteurs sont confrontés au gel pour la deuxième année consécutive sauf en Calabre et en Sicile. En Vénétie, il ne reste quasiment rien, la région va récolter 5 000 tonnes contre 50 000 en moyenne, le Piémont fera 35 000 tonnes pour un potentiel de 135 000 tonnes. Comme nous sommes partis, nous sommes, pour l’Italie, à – 10 % par rapport à 2020 qui était déjà une très mauvaise année, et – 45 % par rapport à la moyenne de ces cinq dernières années” témoignait Elisa Macchi, correspondante d’Europêch dans le pays.
En Espagne, le gel a aussi frappé en Catalogne et en Aragon, les cultures sont en retard de 5 à 7 jours et l’éclaircissage a finalement été inutile. “Les mois de mars et avril ont été difficiles” confirmait Javier Basols de la Fédération des coopératives espagnoles. “Nous avons 8 ou 9 nuits en dessous de zéro dans le Nord du pays…” Avec pour conséquence, là aussi, un recul de la production. “Selon nos prévisions, nous devons être à – 2 % en pêches pour 264 000 tonnes, – 15 % en pêches plates à 226 000 tonnes, – 35 % en pavies à 285 000 tonnes et – 6 % en nectarines à 442 000 tonnes.” Ce qui, additionné, représente un recul de 6 % par rapport à l’an dernier et 20 % par rapport au potentiel du verger espagnol.

Une saison chaotique ?

En France, c’est l’Est du pays qui a été le plus sévèrement touché, des températures descendues jusqu’à – 6 ou – 7°. Les dégâts sont très importants dans la vallée du Rhône, mais aussi dans le Vaucluse et dans le Nord des Bouches-du-Rhône, avec une incidence plus marquée sur les pêches que sur les nectarines. Le Languedoc et Roussillon devraient ainsi récolter autour de 61 000 tonnes de pêches et nectarines, Provence-Alpes et Côte-d’azur 30 000 tonnes et Rhône-Alpes seulement 14 600 tonnes. La récolte française doit donc approcher les 115 000 tonnes, contre 175 000 l’an passé et 200 000 pour la moyenne des cinq dernières années… Mais, prévient Bruno Darnaut, président de l’AOP pêches-nectarines abricots, ce n’est peut-être pas tant le manque de volumes que la difficulté à planifier les récoltes qui va compliquer la situation, “nous nous attendons à une année possiblement chaotique.” Au total, la récolte européenne devait atteindre 2,4 millions de tonnes avec les pavies et 1,8 millions de tonnes pour les seules pêches et nectarine, soit 36 % de moins que la moyenne de ces cinq dernières années.

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