Le calendrier de la fin du monde (Par Jean-Marc Majeau)

Au début, j’ai cru qu’il s’agissait d’une erreur : « TOKYO 2020 du 23 Juillet au 8 Aout 2021 ». Ça arrive de se tromper. Moi, par exemple, chaque année, à la date anniversaire du jour de ma naissance, j’avais tendance à, machinalement, reproduire en fin d’ordonnance, ma date de naissance complète, jusqu’à ce que l’informatique ne me corrige automatiquement.  J’ai donc imaginé que les affiches annonciatrices de cet évènement planétaire que constituent les « Jeux Olympiques », étaient un « bug » malencontreux qui allait être corrigé. Et bien non ! L’explication est beaucoup plus simple : Si l’année civile au Japon et sur la planète aura duré 20 mois, c’est juste pour éviter de flinguer la campagne publicitaire programmée quelques années plus tôt ! Toyota, Coca Cola et les bonbons Haribo, auront réussi la prouesse de modifier le calendrier lunaire ! Remarquez, ce n’est pas une première. Le calendrier chinois traditionnel fait coïncider le 1e jour de chaque mois, avec la nouvelle lune. Se faisant, à la fin, il manque 11 jours, puisque les 12 mois lunaires ne donnent pas une année solaire. Alors, on rajoute 7 mois, répartis sur 19 ans. C’est simple !  Les Incas, quant à eux, établissaient un calendrier qui était fonction de la position du soleil. Pour indiquer la date du début d’un travail, ils pointaient du doigt, dans le ciel, la position où était le soleil au début de leur labeur. J’entends, à l’instant, tous les lecteurs de l’Agri férus de navigation, qui s’insurgent en évoquant les « amers », points de repère fixes et identifiables, indispensables à la notion de navigation. La remarque est pertinente : pour définir un calendrier fiable en fonction de la position d’un astre mobile, il faut un point fixe! Faut-il donc vous rappeler vos classiques ? Et le temple du soleil de Tintin, alors, vous en faites quoi ? C’est lui l’amer des Incas. « L’amer indien »… C’est donc à partir de cette observation quotidienne, que nos amis Quechuas programmaient labours, semences et récoltes, bien loin des célébrations annuelles et convenues, de la fête des grand- mères ou de l’Armistice de 1945. Dans quelques centaines d’années, nos descendants, (enfin, ceux qui auront résisté au COVID, à la vaccination et aux coups de matraques) découvriront ébahis, dans des disques durs ignifugés, enfouis sous coulées de lave volcanique secondaires au réchauffement climatique, les vestiges d’une nouvelle technique de mesure du temps, dont la logique n’avait plus rien à voir, ni avec la lune, ni avec le soleil. Uniquement avec celle d’un astre brillant, captivant et omnipotent : le pognon !

 

L’homo-capitalisticus

 

Quand la force lunaire fait naitre les marées, quand la puissance solaire embrase les forêts, la puissance financière rallonge les années calendaires! Ce récit testamentaire, décrira une plèbe masquée, agenouillée devant un écran cathodique, acclamant les patriciens, seuls autorisés à se trouver en tribune, et des athlètes forçats, sur-vitaminés, tatoués aux armoiries de leur sponsor principal, se livrant à des joutes fatales, uniquement destinées à promouvoir des marques d’automobiles, de sous-vêtements ou de lave-vaisselles. Ces futurs archéologues, découvriront aussi que Le « Citus, Altius, Fortius » idéal olympique des grecs de l’Olympe, avait laissé la place au « Toyotus, Panasonicus, Décathlonus », piliers d’un modèle d’humanité où la relance économique était prétendue indispensable à la survie du monde. Si la quantité de neurones fonctionnels reste encore élevée chez les anthropologues futurs, je me pose la question de savoir ce qu’ils penseront de cette période spécifique de l’anthropocène. Et surtout, quelle sera leur analyse de cette situation paradoxale où, possédant tous les moyens informatifs en temps réels, « l’homo capitalisticus » aura tellement bouleversé l’écosystème et le milieu naturel, qu’il se sera mis en danger mortel, faisant le lit, sans aucune précaution, de la destruction de sa propre espèce. Et je pense que certains vont bien se marrer quand ils découvriront qu’au moment fatal où un changement radical de cap était indispensable, leurs ancêtres proposaient de porter des masques en papier, de s’injecter des produits inconnus dans le corps, d’utiliser des grigris fétichistes et de continuer à artificialiser les sols, sans avoir, à aucun moment, pesé l’importance de leurs actes sur la causalité des catastrophes qui leur tombaient sur la figure ! La lecture de la notion d’intelligence risque d’en prendre un coup ! 

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