Faut-il annuler les élections ? (Par Jean-Paul Pelras)

Finalement, pourquoi pas ? Car, si l’on considère le désamour du peuple français vis à vis à la fois du président sortant et de son opposante, le résultat du 24 avril, quel qu’il soit, augure des lendemains bien inquiétants.

S’ils sont élus, Macron tout comme Le Pen le seront avec ¼ des voix. Je veux dire par là que si l’on considère l’abstention, les votes blancs et les votes par défaut, un seul électeur sur 4 inscrit sur les listes électorales aura implicitement ou à son cœur défendant désigné le futur locataire de l’Elysée. D’ici là, mais aussi dans les semaines, les mois, les années qui vont suivre, la légitimité de l’élu sera systématiquement contestée à la fois par celles et ceux qui n’en voulaient pas, comme par celles et ceux contraints d’élire leur représentant uniquement avec « l’embarras du choix ».

Faut-il donc annuler l’élection ou la reporter pour qu’elle se déroule dans un climat plus serein ? Peut-être. Tout d’abord car il n’y a pas eu de campagne, car sa gestion fut empirique, car l’attribution des temps de parole fut à géométrie variable, car certains médias partisans et subventionnés, n’ont pas respecté les règles démocratiques et déontologiques, car le contexte international est venu perturber le débat, car il n’y a pas eu de débat. Ensuite car la lisibilité de ce scrutin est totalement brouillée par une cacophonie politicienne à la fois inédite, malhonnête et illusoire. Comment peut-on se projeter dans l’avenir d’un pays où le président élu aurait été adoubé à la fois par Sarkozy condamné à se déplacer avec un bracelet électronique, Mélenchon supporter de Castro, Chavez et Maduro réunis, Chevènement, Jospin, Delanoë, Roussel, Poutou, Montebourg, Royal, Hollande, Raffarin, Dati, Jadot, Rousseau, Hidalgo, le Foll ou, entre autres célébrités indispensables, Manuel Valls.

Cette propension à forcer la main des électeurs et à les infantiliser est devenue insupportable.

Là encore, la liste est longue et devrait se rallonger d’heure en heure. Avec, pour la compléter, le nom de celles et ceux qui se croient obligés d’en appeler aux consciences en se figurant que leurs opinions ont une quelconque importance. A cette confiture cuite au chaudron des opportunismes plus qu’à celui des convictions, il faut rajouter les tribunes, les manifestations, les recommandations, des sportifs, des intellectuels, de quelques enfants gâtés spécialisés dans l’évasion fiscale et même de certains enseignants qui appellent à voter contre le Pen. Donc, arrêtons de tourner autour du pot, en faveur de Macron. Comme si les Français étaient insuffisamment qualifiés pour exprimer leurs choix, pour glisser dans l’urne le bulletin qui fait de leur devoir un droit.

Cette propension à forcer la main des électeurs et à les infantiliser est devenue insupportable. Et malheur à celle où celui qui n’aura pas clairement choisi le bon candidat. Il sera, in petto, voué aux gémonies, à la vindicte publique, au pilori des traitres, des complotistes, des parias.

Et pourtant, beaucoup de Français ne supportent plus Macron, ses provocations, son mépris, ses petites phrases, ses déclarations mensongères sur le pouvoir d’achat, l’inflation, sa gestion de la crise sociale et sanitaire, ses frasques, sa suffisance, sa coercition. Pas plus que certains de ceux qui comptent voter le Pen vont le faire avec plaisir et conviction, considérant ses prises de position et certaines de ses fréquentations.

Voilà, nous en sommes là, une fois de plus assis dans le vide, au milieu de nulle part. Avec une très dangereuse partition de la population suscitée et entretenue par l’inconséquence du pouvoir. Avec des législatives qui s’annoncent d’ores et déjà bricolées pour Macron et perdues d’avance pour Le Pen, ce qui nous conduirait vers une inévitable cohabitation. Avec des gouvernements composés de pièces rapportées négociées, à droite comme à gauche, dans l’entre soi et l’indécence des hypocrisies de circonstance.

En résumé ces élections, quel qu’en soit le résultat, ne valent rien. Elles sont lamentables, inconcevables, irrecevables !

Jean-Paul Pelras

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