Un petit air de Maison bleue [par Karo et Didoo]

Nous avons été à un concert. Nous sommes vaccinés par obligation professionnelle. Entre manger et être vacciné, il n’y a pas eu le choix, mais là n’est pas le débat. Les places de ce concert, qui a été reporté deux fois, avaient été prises avant la crise Covid. Je me suis demandé quelle était la légitimité du pass sanitaire et de son contrôle. Il m’est apparu que la simple mesure de protection consistant à mettre un masque et à appliquer une distance nécessaire à la non-contagion aurait été beaucoup plus adaptée dans ce contexte. Mais l’intelligence et la réflexion sont-elles encore de mise dans un pays où la présidence s’exhibe avec des rappeurs torses nus mimant des gestes obscènes ?

Le sujet est donc : Maxime le Forestier. Deux heures de concert, chanson après chanson et son éternel sourire collé aux lèvres pour accompagner cette douceur qui le caractérise. Mais il faut tout d’abord vous parler de la première partie, composée de cinq à six chansons par deux jeunes nommés “ALF et BG” qui nous ont vraiment surpris. De très bonnes mélodies, musicalement très agréables passant du slow au rock, avec des textes irrésistibles, littéraires, pleins d’humour, voire même bidonnants. Comme ils nous l’ont conseillé, on vous le répète, allez donc voir sur Internet pour les découvrir (Bruno Guglielmi et  Arthur Le Forestier). Nous découvrirons au cours du concert qu’ALF n’est autre que l’abréviation de Arthur Le Forestier, le fils de Maxime. De même nous apprécierons la complicité et le lien affectueux qui unit ces deux personnages.
Pour ce qui est du spectacle, il est à l’image de cet homme sans froufrou, simple, entouré de trois autres musiciens, amis de longue date et de son fils… L’on pouvait ressentir l’amitié qui régnait entre eux. Tout semblait fluide, et Maxime nous a proposé un “non-stop” (bien qu’il ne soit plus tout jeune, 72 ans ! cf. notre article du 4 mars 2021). Bien éloigné de l’univers électro acoustique, pré-apocalyptique de David Guetta, leur complémentarité instrumentale, guitares et batterie, nous a transportés, fait vibrer et voyager au cœur de leur art.

Des chansons qui n’ont pas vieilli

Ce renouveau musical a apporté aux chansons de Maxime un nouvel allant qui a enchanté le public. Juste pour vous faire un peu rêver, voici quelques titres du récital : Comme un arbre, Mon frère, La rouille, Caricature, Les jours meilleurs, Né quelque part, Ambalaba, Passer ma route, Restons amants, Paraître ou ne pas être, Date limite, Ça déborde, Les filles amoureuses, Le grand connard, La vieille dame, Mon ruisseau….
Il est particulièrement intéressant de remarquer que ses anciennes chansons n’ont pas vieilli, par exemple “Comme un arbre”, qui date du premier album “Mon frère” de 1972, résonne particulièrement dans sa critique de l’urbanisation intensive qui se retrouve dans “ça déborde”, écrit en 2019 dans l’album “Paraître ou ne pas être”. Au cours de ce voyage en chansons, nous avons été saisis par sa vision éclairée de l’humain, autant par les flux migratoires qui s’entendent dans “Être né quelque part”, écrit il y a déjà quelques dizaines d’années, que par cette course à l’ego et à l’image qu’on entend dans “Paraître ou ne pas être” écrite récemment. Nous avons apprécié le côté intime et humble de sa prestation, le fait qu’il fasse peu de commentaires. Il le reconnaît d’ailleurs en précisant “qu’il avait assez dit de conneries sur scène”, ne cherchant pas à devenir un influenceur !
La cerise sur le gâteau fût un duo avec son fils mélangeant “Éducation sentimentale” et “Fontenay aux roses”. Et Maxime chantant seul sur scène San Francisco avec sa guitare sèche pour clôturer la soirée.

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