Le blues de la volaille [par Yann Kerveno]

Grippe aviaire et hausse du prix de l’aliment plombent les résultats des éleveurs des Pyrénées-Orientales.

À l’instar de leurs collègues producteurs de porcs, les éleveurs de volailles du département font grise mine. Pas facile l’élevage hors-sol quand le prix de l’aliment flambe et quand l’approvisionnement en poussins et en canetons fait parfois défaut. La filière volaille a en effet à subir deux crises différentes dont les effets s’ajoutent. La première, c’est celle du prix de l’aliment. “Chez moi, pour le premier semestre, c’est + 50 % sur la facture” explique Cyril Duval, producteur d’œufs à Salses et président du Syndicat des producteurs de volailles et de canards des Pyrénées-Orientales. “Et quand on sait que l’aliment, sur mon exploitation, c’est 50 % du coût de production, cela le fait progresser de 25 %” calcule-t-il. Sans compter l’augmentation parallèle des autres “intrants” comme le gas-oil.

Et répercuter sur le prix de vente ? “Oui, c’est ce que nous avons fait en partie, mais c’est impossible d’augmenter nos prix de 25 % ou plus, pour ma part, je n’ai pas dépassé 10 %” regrette-t-il. Pour autant, ses difficultés sont concentrées sur ces hausses de prix, certains de ses collègues qui produisent des volailles de chair ont eu en plus à subir la rareté des canetons et de poussins. En cause, la grippe aviaire qui a conduit, en particulier dans l’Ouest de la France, à des abattages massifs et à des fermetures de couvoirs.

Foires au gras

“Certains des éleveurs du département ont été contraints d’avoir recours au chômage partiel pour leurs salariés, faute d’avoir suffisamment d’activité” explique encore le président du syndicat. “Les difficultés d’approvisionnement ont été importantes pour les canetons, nous ne pesons pas lourd face aux filières du Sud-Ouest.” Si les pertes liées à cette crise de la grippe aviaire ont été assez mal prises en compte dans le département par le fonds d’indemnisations spécifique, créé et abondé par la profession, Cyril Duval espère que la situation sera différente cette année. “Vu le nombre d’éleveurs concernés pour la période 2021-2022, il faudra que l’État mette la main à la poche pour compléter la dotation” souligne-t-il encore.

En attendant, la filière est concentrée sur les foires au gras, trois sont organisées cet automne. Après Prades en novembre, restent Thuir, début décembre et Céret, juste avant Noël. Par contre, vu la situation, peu de chance de trouver des carcasses ou des foies frais cette année. “Les éleveurs ont transformé tout ce qu’ils avaient produit.” De façon à aller chercher le plus de marge possible pour compenser la perte de production et l’augmentation des coûts de production.

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