Lettre à certains parlementaires français : le spectacle est mauvais, remboursez ! [par Jean-Paul Pelras]

Madame, monsieur,
“Qu’il(s) retourne(nt) en Afrique” avec ou sans “s”, “Tu vas la fermer” et autres échanges fleuris entre Hanouna et Boyard… Que ce soit dans l’hémicycle, sur les plateaux de télévision ou dans la rue, les représentants de la République française rémunérés par le contribuable 7 493 euros, auxquels s’ajoutent 5 373 euros mensuels de frais de mandats, ont tendance ces temps-ci à manquer de tenue. Un constat qui vaut au sens propre comme au sens figuré si l’on considère l’accoutrement de quelques un(e)s pour qui, manifestement, le sens de la provocation l’emporte sur l’enjeu de la fonction.

Car ce qui compte désormais pour certains d’entre vous, messieurs dames, c’est le coup d’éclat, celui qui va capter le prisme des médias et vous propulser devant ces cameras qui font et défont les notoriétés. Inutiles, puériles, déplacées, vos interventions n’apportent rien au débat national et nous en sommes à confondre le rôle du député avec celui d’un artiste de variété. À cela rajoutons les fautes de français de Sandrine Rousseau. “Nous avions la gorge qui grattions, nous avions les yeux qui brûlions” déclarait cette élue, enseignante universitaire, présente lors de la manifestation anti-bassines à Sainte Soline où elle était venue soutenir des activistes. Rousseau dont nous n’allons pas ici énumérer les élucubrations et les soutiens apportés à celles et ceux qui ont fait du wokisme, de l’éco-féminisme et de l’anarchie leur modus vivendi. Cette anarchie que revendique Aymeric Caron, autre député écologiste favorable à la désobéissance civile.

Dans ce florilège non exhaustif d’idéaux politisés, n’oublions pas le séduisant “Mangez vos morts” de Daniele Obono et quelques saluts nazis ou autres amabilités lancées à la cantonade par des élus, moins parlementaires que prédicateurs, espérant secrètement une invitation au journal de 20 heures. Vous êtes pitoyables !
Je pourrais, à votre endroit, m’exprimer de façon beaucoup moins révérencieuse. Mais, n’étant ni député, ni sénateur, j’ai conservé le sens des convenances et un minimum de respect à l’égard de ceux qui sont censés voter nos lois et nous représenter. Oui, vous êtes pitoyables et indignes des missions comme des rétributions qui vous sont octroyées.
Que retiendra l’histoire de vos émotions incontrôlées, de vos rivalités préméditées, de vos vétilles, de vos futiles saillies, de vos conneries stériles ? Rien, si ce n’est l’expression d’une période où le superflu l’emporte sur l’absolu. Le spectacle auquel vous vous prêtez occulte les urgences et détourne l’attention, il fait le jeu de vos adversaires quels qu’ils soient, il fatigue l’opinion et décrédibilise la fonction. Si vous souhaitiez jouer aux clowns ou goûter à la postérité, il ne fallait pas postuler à l’Assemblée et au Sénat, mais à la “Piste aux Étoiles” ou auprès de quelques metteurs en scène de cinéma.

Au printemps dernier, à l’issue des élections législatives, nous guettions l’émergence de contrepouvoirs indispensables au bon fonctionnement de notre démocratie malmenée, nous le voyons encore ces jours-ci, par des rafales de 49-3. Au lieu de cela, dans cette arène où il est davantage question de corrida que de véritables combats politiques, vous nous offrez, jour après jour, une prestation qui occulte les enjeux sociétaux et économiques pour leur préférer les eaux basses de l’incurie et de la médiocrité. Seulement voilà, le talent n’y est pas et le spectacle est mauvais. Alors, en un mot : remboursez !

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