Néonicotinoïdes : les beaux mensonges de Yannick [par Yann Kerveno]
Le leader des verts ne s’embarrasse pas avec la vérité quand il s’agit de pousser ses idées.
La séquence qui vient de provisoirement s’achever autour de la question des néonicotinoïdes signe, une fois de plus, la fin de la rationalité et l’avènement de l’ère du mensonge et de l’hypocrisie. Prenons par exemple Yannick Jadot, qui passe visiblement plus de temps dans les médias, il y est tous les jours, qu’à assurer le job de député européen pour lequel il a été élu. Donc, le leader des verts a monté une jolie opération de communication en amont du vote des parlementaires sur l’exception à accorder aux “néonics” en se rendant dans le Nord de la France, chez Stéphane Delmotte, militant à la Conf’, il était récemment invité es-qualité sur France Culture. Installé depuis 5 ans avec son frère, Stéphane Delmotte produit des betteraves en bio. Où est le problème vous demanderez-vous ?
Pas de pucerons
Le problème, c’est que le leader des verts a choisi cette exploitation, située à Vimy du côté d’Arras, pour expliquer, preuve à l’appui, que l’activisme des betteraviers désarmés par l’absence des néonicotinoïdes interdits, n’était que le jeu des lobbies de l’agriculture industrielle et des fabricants de pesticides. Et que, comme chez Stéphane Delmotte, quand on cultive des betteraves en bio, on n’a pas besoin de ces produits parce que les fameux pucerons porteurs de la jaunisse n’étaient pas présents. L’histoire est belle, parfaite pour les nombreux micros tendus, mais elle est fausse. L’exploitation de Stéphane Delmotte est en effet située dans une zone, le Nord, qui n’a pas été concernée par les invasions de pucerons, au contraire des alentours de la région parisienne où l’infestation a conduit, dans les cas les plus intenses, à des pertes de rendements atteignant 50 %.
Large majorité
Votée le six octobre à l’assemblée, à une large majorité, 313 voix pour, 158 contre et 56 abstentions, la dérogation accordée aux enrobages de semences de betteraves n’a pas fini de faire couler de l’encre. On a même vu, le jour du vote, les militants d’Extinction Rébellion nus devant l’Assemblée nationale le corps peint en rouge (les betteraves sucrières sont blanches…) pour tenter d’influencer les députés. Et ça continue, le député européen Éric Andrieu a menacé de saisir l’Europe pour qu’une enquête soit menée afin de vérifier que la décision française est bien conforme au cadre donné par l’Union européenne lors de l’interdiction de ces molécules en 2018. En oubliant de signaler que la possibilité de dérogations avait été prévue et que la France n’est pas le seul pays à s’interroger sur certains usages des nénicotinoïdes. Opportunité dont se sont déjà saisis pour une autorisation partielle la Pologne, la Belgique, l’Autriche, la République Tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Croatie et la Roumanie, tandis que des discussions ont lieu en Suède, en Italie, en Grèce, en Lituanie, en Espagne et aux Pays-Bas. Mais peut-être plus grave encore qu’un recours technique et juridique qui fait partie du jeu démocratique, la France insoumise a publié une carte de France pour indiquer la teneur du vote de chaque député et ainsi exposer à la vindicte populaire les représentants d’un peuple manipulé par les mensonges des verts.