L’avènement du bag-in-box ?

La crise que nous venons de traverser a fait progresser fortement les ventes de bag-in-box, en trois ou cinq litres. Mais est-ce que cette tendance peut-être durable ?

SI les marchés des vins ont été fort ralentis par la crise du Coronavirus, il existe un segment qui en a pourtant profité à plein, celui du bag-in-box. Partout dans les pays confinés cette résurgence modernisée du “cubi” d’antan a connu un engouement sans précédent. La région n’échappe pas à cette évolution dont on se demande aujourd’hui si elle est durable ou juste conjoncturelle. Toutes les entreprises consultées notent une progression. “Chez Lafage, ce ne sont pas des produits que l’on pousse forcément mais nous avions lancé un blanc en février, juste avant la crise, pour compléter la gamme qui comptait déjà un rouge et un rosé et nous nous sommes retrouvés très vite en rupture de stock” témoigne Diane Caillard, en charge du marketing de l’entreprise. À tel point qu’une “mise en Bib” a dû être organisée en urgence pendant le confinement et qu’une troisième est organisée ces jours-ci pour répondre à la demande. Dans les caves coopératives du département mais aussi de l’Aude, le constat est le même. Le bag-in-box a connu un engouement sans précédent durant ces trois derniers mois. Mais comment l’expliquer ? Pour l’instant, les opérateurs de la filière en sont réduits aux conjectures.

Transfert de consommation
“Le Bib c’est pratique quand tu ne vas au supermarché qu’une fois tous les quinze jours puisque les gens ont fait attention à leurs déplacements, c’est moins volumineux à mettre dans le chariot que 15 bouteilles de vin” avance Atmann Afanniss, directeur de la cave de Cascastel dans l’Aude. “Il y a aussi peut-être eu un effet prix, les prix des aliments ont augmenté, une bonne partie des salariés s’est trouvée en chômage partiel avec des revenus moindres et avec les Bib on est plutôt sur un produit très compétitif, alors que le vin ne fait pas partie des aliments essentiels” ajoute-t-il. “Mais ce qui est étrange et qu’il faut que nous regardions de près, c’est qu’au final, les Français n’ont pas plus consommé de vin pendant le confinement.” Cet envol du Bib est lié à un transfert de consommation de la bouteille vers ce type de conditionnement. On pourra arguer aussi, en guise d’élément de compréhension, que le confinement a également supprimé tous les rendez-vous festifs, amicaux ou familiaux pour lesquels “ouvrir une bonne bouteille” est souvent de mise. Mais qu’en restera-t-il ? Ces parts de marchés seront-elles conservées ? Rien n’est moins sûr et les avis sont partagés pour le moment.

Difficile à valoriser
Pour Denis Surjus, président de la cave de Pollestres, il en restera forcément quelque chose. “Il est sûr que des ménages ont découvert les Bib pendant le confinement, ils travaillaient à la maison, finissaient plus tôt, étaient en chômage partiel… Et c’est un produit économique. Faites le calcul, comparez le prix du Bib de 5 litres à celui de presque 7 bouteilles…”. Il estime que ce sont peut-être les conditions économiques à venir et la crise qui vont ancrer le Bib dans les habitudes…
Chez Lafage, la question se pose de développer d’autres gammes confie Diane Caillard. “C’est un phénomène très français, mais
nous commençons à avoir quelques demandes pour ce type de produits à l’export, en particulier en Scandinavie. La problématique principale, c’est la valorisation, c’est difficile. Mais peut-être que les jeunes générations seront plus faciles à convaincre d’aller vers
ces produits dont l’image change” ajoute-t-elle. Atman Arfanniss estime pour sa part que non. “J’espère que c’est juste conjoncturel, c’est un bon moyen de dégager des volumes mais ce ne sont pas des produits valorisés… Et puis, en France, ouvrir une bouteille c’est aussi ouvrir un peu d’histoire et de culture…” Réponse en fin d’année.

Yann Kerveno

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