La vente de la cave de Trouillas agite les esprits [par Yann Kerveno]

Un collectif appelle à renoncer à la vente, la cave coopérative et la mairie de Trouillas sont un peu surpris.

Les caves coopératives sont inscrites dans le paysage des Pyrénées-Orientales et de l’Aude, depuis un bon siècle. Mais le vignoble a beaucoup reculé depuis, les caves ont fusionné pour rester compétitives et ne pas être sorties du marché, rendant certains bâtiments inutiles. Et difficiles à recycler. Le mouvement Agissons 66, qui se propose de porter haut et fort le département des Pyrénées-Orientales, s’est ému de l’annonce de la vente prochaine de la cave de Trouillas, désaffectée maintenant depuis quelques années et la fusion de cinq caves (Pollestres, Ponteilla, Bages, Saint-Jean Lasseille et Trouillas). En cours de discussion, la vente se ferait au profit d’un promoteur souhaitant y installer une supérette et d’autres commerces (dont le caveau existant).

Pour l’association Agissons 66, cette vente “destinée à installer un hard discounter” n’est “qu’un sacrifice pour une affaire de gros sous (…). Ces bâtisses rappellent l’âge d’or de la viticulture catalane (…). Le bâtiment aurait pu être restauré en un hôtel pour accueillir les nombreux touristes intéressés par les circuits œnotouriques.” L’assocation ajoute également n’avoir pas eu de réponse ni de la mairie, ni du vendeur. Contactés par nos soins, le maire de Trouillas, Rémy Attard et le président de la cave Laure de Nyls, Denis Surjus, nient avoir été contactés. Ce dernier explique le projet.

Éviter de nouveaux accidents

“C’est un bâtiment qui ne nous sert pas, nous avons transféré l’activité à Ponteilla, il nous coûte de l’argent parce qu’il faut l’entretenir pour rien, sinon pour le caveau de vente idéalement situé en bordure de départementale. Alors oui, nous souhaitons le vendre, aussi pour que ne s’y produisent pas d’accidents dramatiques comme à Banyuls dels Aspres et à Torreilles” explique-t-il. Deux jeunes femmes ont perdu la vie en tombant dans ces bâtiments désaffectés en 2019 et 2021. La vente pourrait aussi permettre d’éponger une partie des pertes portées au bilan de la coopérative suite à la fusion, en 2016, avec la cave de Trouillas justement.

Pour Rémy Attard, la commune n’est pas maître d’ouvrage de ce projet, il n’y a pas grand chose à faire d’autre. “Nous n’avons qu’une petite épicerie dans le village et nous ne pouvons pas mettre en place une zone résidentielle de l’autre côté et si près de la route” explique-t-il. “Et que faire de ce bâtiment ? Un hôtel ? Au bord de la route où passent plusieurs milliers de véhicules par jour ? Mais qui pourrait porter un tel projet ?” se demande-t-il avant de préciser que la nouvelle n’a pas provoqué de réaction chez les habitants du village.

Le collectif Agissons 66 appelle à une manifestation, devant la cave, le samedi 26 mars à 10 heures.

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