La télévision serait-elle devenue la lucarne à blaireaux ? [par Liliane Doger-Ledieu]

Je parie que tous ceux de ma génération se souviennent de la première image qu’ils ont vue à la télé. J’avais 7 ans lorsque le poste de télévision fit son entrée à la maison. Une arrivée très attendue, qui provoqua une belle effervescence ! Lorsque l’appareil fut correctement installé sur une petite table fabriquée par papa, puis branché, maman approcha trois chaises pour nous, les petits, puis deux autres derrière, comme au cinéma, où nous n’étions jamais allés d’ailleurs. Quand tout le monde fut assis en silence, papa appuya sur le bouton. Moment solennel. Et c’est un voilier qui apparut, un beau voilier doucement balancé par une mer tranquille, en noir et blanc bien sûr. Nous étions émerveillés.

“Bonne nuit les petits” fut la toute première émission que nous avons été autorisés à regarder tous les soirs avant d’aller au lit. Puis vinrent “Le manège enchanté” et “Thierry La Fronde”. Quelle petite fille, quelle adolescente, à l’époque, n’a pas eu envie d’étrangler la belle Isabelle, fiancée du séduisant Beauceron ? Et aussi “Belle et Sébastien” dont chaque épisode nous tenait en haleine. Et tant d’autres…
En grandissant, on a bien ri avec les Shadoks, ces bestioles anthropomorphes qui pompaient sans relâche. Me reviennent aussi les bons moments avec Alain Jérôme et “Les dossiers de l’écran”, Jacques Chancel et son “Grand échiquier”. 
Quant aux “informations”, même à ses débuts, l’0.R.T.F. rendait compte des évènements du pays et du monde en privilégiant le point de vue gouvernemental. Le baratin et la propagande, ça ne date pas d’hier !

Plus il y a de chaînes, plus il y a d’âneries

En tous cas, au temps béni des “Chevaliers du ciel”, les aventures de Tanguy et Laverdure n’étaient pas interrompues par des publicités intempestives. Qui aurait pensé qu’un jour, tous les films et toutes les émissions seraient suspendus plusieurs fois pour imposer des réclames ciblées en fonction de l’heure et de la catégorie de public supposée ! S’il m’arrive aujourd’hui de regarder un film sur le petit écran (fait rarissime), je suis bon public. Totalement absorbée, je ris, je pleure… Et vlan ! “Grand-mère sait faire du bon café” !

À l’heure de la météo, vous êtes souvent à table sans doute. Moi aussi. Ça ne loupe pas, on a droit aux protections pour fuites urinaires ou aux pastilles “qui agissent pendant la nuit là où il faut pour un effet rapide et prévisible le matin”.
Vous achetez toujours le programme vous ? Moi oui, j’avoue, mais le moins cher, on ne sait jamais, je ne voudrais pas louper un “Tonton flingueur”. Ma foi, j’ai beau feuilleter, plus il y a de chaînes, plus il y a d’âneries. 26 chaînes TNT, presque autant d’émissions “débilisantes” du style téléréalité, des films américains en veux-tu en voilà, comme si la France n’en produisait pas et, le top du top, des documentaires ou des faux débats qui vous expliquent comment vous devez penser ou plutôt ne pas penser et acquiescer (on comprend mieux si on regarde à qui appartiennent les chaînes).

Peut-être les programmes de la TNT payante seraient-ils plus attractifs… J’ai un gros doute. Question de principe, je n’ai pris aucun abonnement. Ce système de chaînes qui enrichissent les plus fortunés avait débuté avec Canal + en 1984. On en revient toujours au même, il aurait suffi que personne n’accepte cette pratique pour qu’elle ne s’enracine pas.
Allez, ce soir le programme c’est… un bon livre.

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