Et vous, vous faites quoi d’important le mois prochain ? [par Jean-Marc Majeau]

D’après la presse, le mois de novembre serait le mois sans tabac… Le huitième du nom. J’en conclus donc que je suis passé à côté des sept premiers. Remarquez, je m’en fous complètement, dans la mesure où je ne fume pas. Mais il est toujours dommage d’avoir délaissé une information aussi capitale. Ayant toujours eu une attirance particulière pour la politique sanitaire préventive, je regrette d’avoir occulté cette initiative, fruit d’un intense brainstorming ministériel en 2016, sûrement destiné à réduire l’incidence de ce qui va devenir le cancer le plus fréquent tous sexes confondus. Cependant, pour les avoir côtoyés lors d’un épisode de ma vie, je reste dubitatif concernant l’efficience de la cogitation des cerveaux ministériels. En général, ils ne génèrent, exclusivement, que des usines à gaz ! En l’occurrence, la première lecture du projet ne m’a pas rassuré. D’abord, il faut s’inscrire sur Ameli.fr afin d’obtenir les outils incluant : une consultation auprès d’un professionnel, un kit gratuit associant un programme de suivi quotidien, une roue calculant les économies générées et une aide communautaire via les réseaux sociaux. C’est pareil que “Comme j’aime”, mais sans Benjamin Castaldi. À cela, s’ajoute l’accès à une application de jeux gratuits, de vidéos de soutien et d’informations dédiées.

Vous apprendrez ainsi que le sevrage diminuera votre taux de monoxyde de carbone sanguin au bout de 24 h, augmentera votre odorat et votre goût en une semaine et vous donnera, en quelques mois, une peau souple, des rides moins marquées, des dents plus blanches et un caractère calme et apaisé. J’en serai presque à regretter de n’avoir pas à faire de sevrage ! Ce qui me choque le plus dans cette histoire, c’est d’imaginer les heures de travail et le nombre de conseillers qui furent monopolisés pour accoucher d’une connerie pareille. J’imagine bien la genèse, quand, à l’issue d’une soirée de réveillon de fin d’année, chacun y va de sa “bonne résolution” : arrêter de manger du Nutella, de boire du pinard, de se ronger les ongles ou de se curer le nez et faire des pompes tous les matins. Une espèce de punition individuelle que l’on s’inflige pour expier nos péchés de gourmandise du moment. Si le commun des mortels efface de sa mémoire ces promesses de poivrots en quelques heures, ce n’est pas le cas des conseillers d’État qui gardent, dans leurs neurones surentrainés, les réminiscences de ces soirées vaporeuses, les exposant à la résurgence intempestive de souvenirs subliminaux.

La grand-mère de l’énarque…

C’est à la faveur de ce mécanisme intellectuel qu’émergent les idées les plus farfelues : le ski sans remonte-pente et la bière en position assise, le port du masque en forêt ou celui du col roulé en hiver, l’interdiction du salage des oléagineux ou l’ensemble des mesures visant à limiter l’impact de l’anthropocène sur l’évolution du climat. Ainsi apparaissent, et nous sont infligées, les directives collectives allant de l’utilisation exclusive de la voiture électrique ou de l’intelligence artificielle à la télémédecine robotisée comme remède à tous nos maux, avec la même garantie gouvernementale d’efficacité. Ma grand-mère avait un principe qu’elle m’a toujours enseigné : “À chaque problème une solution”. La grand-mère de l’énarque de base de ce pays avait à l’évidence, une devise différente : “À chaque solution, un problème” !

Aujourd’hui, on nous invite donc à trouver une occupation calendaire récurrente. Allons-y ! L’arrêt du tabac ne me concernant pas, j’utilise novembre à ramasser les feuilles mortes, à tailler quelques arbres, tout en me laissant pousser la moustache pour sensibiliser au problème du cancer de la prostate. Mon mois de décembre est occupé par les fêtes et les cadeaux de Noël pour mes petits-enfants, avec une pensée émue pour les canards et les oies. Celui de février est trop court pour être efficace. Le mois de mars est celui du cancer du côlon et du sein. Avril est religieux. Mai, mois des jours fériés, reste, évidemment, le mois du travail. Juin, celui des communions. Juillet et août ceux où les Parisiens viennent squatter les régions rurales et foutre le feu aux forêts. Septembre, celui de la rentrée des classes. Octobre, celui de la rentrée syndicale. Il nous reste donc le mois de janvier, seul mois utilisable. D’un commun accord avec Chat GPT4, je propose donc qu’il devienne durant les 30 prochaines années “le mois sans guerre ni religion@” ! Si vous êtes d’accord, il suffit de s’inscrire sur le site : “vivons ensemble.com” ! On vous enverra le kit !

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