Bientôt une AOC pour l’huile d’olive du Roussillon ? [par Yann Kerveno]

C’est un peu une anomalie dans le paysage de l’oléiculture française, le Roussillon est le seul bassin de production à ne pas bénéficier d’une AOC… Mais c’est peut-être pour bientôt.

“C’est beaucoup de paperasse, beaucoup de dossiers, mais ça avance” confie Jacqueline Reig qui préside aux destinées du projet d’AOC huile d’olive du Roussillon depuis 2013, “mais le syndicat a été créé en 2009.” Les oléiculteurs des Pyrénées-Orientales espèrent ainsi pouvoir compter d’ici la fin de l’année sur la visite de la commission d’instruction de l’INAO, étape importante dans la validation du projet. L’objet ? Protéger la production des Pyrénées-Orientales et être en mesure de justifier le surcoût induit par la conjonction des variétés et du système de production. “Nous avons des rendements deux à trois fois inférieurs à ceux qui font de l’oléiculture intensive, trois à quatre tonnes par hectare, nous consommons moins d’eau, nous faisons beaucoup de choses à la main…”

Aujourd’hui, le département des Pyrénées-Orintales dispose de 400 à 500 hectares qui pourraient prétendre à cette appellation réservée aux variétés d’olives locales. De l’olivière à la verdale de Millas, la courbeil, la redouneil, la glory de Montou (Corbère). “Pour le moment, nous avons recensé environ 300 hectares répondant à ces variétés, mais de nombreux vergers ont été abandonnés et pourraient être remis en état” précise encore Jacqueline Reig qui rappelle aussi qu’en 1880, les Pyrénées-Orientales étaient alors le premier département oléicole de France…

Génétique

Pour l’heure, le syndicat compte une vingtaine d’adhérents mais le “réservoir” est important. “Nous savons qu’une quarantaine de producteurs nous rejoindront lorsque nous aurons obtenu l’appellation d’origine contrôlée. Et le syndicat a déjà joué son rôle, sur un autre sujet, quand nous sommes parvenus à bénéficier des aides calamités agricoles pour la première fois et pour tous les oléiculteurs du département…”

Au-delà du travail administratif conséquent imposé par le dossier d’appellation, il y a aussi tout le travail mené sur la génétique et avec les pépiniéristes pour que les producteurs puissent trouver des plants des variétés sélectionnées. “Nous testons les variétés retenues, en particulier pour voir si elles sont efficaces pour la pollinisation puisque c’est le vent qui est à l’œuvre dans nos vergers et non les insectes.” Jacqueline Reig espère maintenant que le dossier aboutisse, au plus tard dans trois ans. “Mais j’espère avant !”
Yann Kerveno

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