La liberté ou la gangrène [par Dorothée Boyer Paillard]
La France est en état de “putréfaction” concernant l’ensemble de ses institutions, de ses corps constitués, d’une grande partie de ses supposées élites avec des répercutions qui impactent forcément le peuple. Cette gangrène est sociale, intellectuelle, spirituelle, institutionnelle, éducationnelle, doctrinale. Plus aucune strate de la société n’est épargnée par cette propagation. La France n’est plus dans les prémices de la gangrène se soignant avec des antibiotiques. Elle ne peut être régulée que par l’amputation des membres affectés. La corruption ou l’altération de ce qui est honorable, sain, vertueux, a atteint des sommets inégalés. La déliquescence des valeurs morales, sociales, étatiques ou encore constitutionnelles, législatives, exécutives, judiciaires désagrège une société abimée. Le temps n’est plus de savoir si l’État français est dans son ensemble corrompu et jusqu’à quel point. Il l’est. Désormais il faut agir contre cette corruption.
Le scandale naissant de l’intervention à outrance des cabinets privés de consultants anglo-saxons principalement, mais aussi nationaux, choisis pour intervenir dans le champ de l’action des fonctionnaires français, des militaires, de la crise sanitaire, des experts réellement reconnus en leur domaine de compétence, des stratégies nationales, est une des premières formes de corruption. Nos hauts fonctionnaires ne sont désormais plus capables par eux-mêmes d’ordonner, de compter le nombre de masques. Pathétique ! Les fonds publics, l’argent que nous donnons chaque jour pour faire notre plein d’essence, les taxes, les impôts que nous acquittons et ceux que nos enfants devront acquitter pour rembourser la dette ne peuvent plus servir à alimenter cette corruption. Copinage, libertinage, renvois d’ascenseurs, plans de carrière, conflits d’intérêts, failles de l’instruction… Ces dérives s’exercent au détriment de l’État de droit, de l’intérêt général.
Une volonté et des incorruptibles
Mais pour venir à bout de cette gangrène, il faut une “volonté” et des “incorruptibles”. La volonté doit passer par le recrutement de fonctionnaires afin de lutter contre les fraudes et la corruption. La volonté est celle d’instruire. La volonté est celle de ne pas maintenir sous contrôle de la haute finance des peuples qui se déshumanisent dans une société de consommation au sein de laquelle l’argent, le jeu et le sexe dominent. Les incorruptibles sont ceux qui n’écrasent pas le drapeau français, ne le déchirent pas, respectent les valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité.
Il faut rendre à la Constitution de la Ve République ses verrous et ses garanties de séparation des pouvoirs que les présidents successifs ont fait sauter, jusqu’à cette stupidité sans nom qui consiste à faire coïncider les élections présidentielles avec les législatives et fournir un blanc-seing à un ultra-président. Ils se revendiquent tous de De Gaulle, mais n’en sont que de bien piètres copies. Ils ont détruit l’œuvre d’équilibre offert initialement par une Constitution qui n’est plus respectée. La gangrène ne peut se combattre que sous les préceptes de courage et de liberté.