Inquiétudes dans les vignes audoises [par Yann Kerveno]

Les vignerons audois tenaient leur traditionnelle réunion des vendanges jeudi 26 août à Ferrals des Corbières. L’occasion de délivrer des informations importantes en amont de la vendange et des vinifications. Mais aussi de faire un tour de l’actualité vigneronne.

Le premier sujet fut bien sûr celui des vendanges toutes proches et des inquiétudes créées par la météo de cette année. Il y a eu le gel évidemment, mais aussi la sécheresse et les incendies, comme Olivier Verdale, président de l’appellation Corbières, l’expliquait la semaine passée dans nos colonnes. “Mais ce n’est pas tout, dans le Nord-Ouest du département, il y a aussi eu une forte pression du mildiou et dans tout le département de l’oïdium tardif. Tous ces événements nous conduisent vers une récolte faible en volumes” résumait Alexandre They, président des vignerons indépendants de l’Aude.
S’il est difficile de faire une estimation avant le début des vendanges, il avançait le chiffre sur lequel tout le monde s’accorde, à un recul de 25 à 30 %. “Mais si la sécheresse perdure d’ici à ce que nous arrivions au gros de la vendange des rouges, alors le déficit pourrait se révéler plus important et nous conduire peut-être vers un des plus petits millésimes que le département ait eu à connaître” prévenait-il. Seule cerise sur ce maigre gâteau, les conditions sanitaires sont bonnes et, grâce aux nuits fraîches, les baies sont farcies d’arômes.

Tensions à venir

Ce contexte faisait rebondir Serge Seris pour insister sur l’importance de développer l’irrigation, amener l’eau à tous les agriculteurs et aux vignerons “dont on a bien vu le rôle joué par les parcelles, en protégeant l’Alaric par exemple, dans les incendies qui ont émaillé l’été dans l’Aude. Et ce alors que nous avons de l’eau qui vient des Pyrénées, de la Montagne Noire, qui provoque des catastrophes parfois.” Pour pallier au manque de récolte, les Vignerons indépendants ont obtenu par décret préfectoral, et la signature d’un bail précaire, l’autorisation d’acheter de la vendange et de la vinifier dans leur domaine. Une vingtaine de conventions ont ainsi été sollicitées pour 2021. Et qui dit peu de raisin dit aussi, naturellement, peu de vins, donc des prix qui doivent progresser. Après l’épisode Covid, la distillation de crise l’an dernier, puis le gel cette année, le marché risque d’être tendu, d’abord sur les blancs et les rosés, mais pas seulement. “Nous aurons des tensions dans les trois couleurs, nos entreprises ont des stocks techniques, des vins en vieillissement, mais à l’issue de cette campagne il n’y aura plus de surstocks” prévient-il. “Sachant cela, il serait incongru de ne pas constater une hausse des prix, mais c’est ce qui doit permettre de généraliser dès cette campagne la contractualisation pluriannuelle.”

Le flottement du CIVL

Rien n’a évolué pendant l’été au CIVL. L’interprofession des vins du Languedoc est toujours en panne après le retrait de plusieurs appellations dont Faugères, les Corbières, Fitou… La procédure judiciaire qui réclame l’annulation de l’assemblée générale est en cours et la fédération des Vignerons indépendants de l’Aude, tout comme l’appellation Corbières, appellent leurs adhérents à suspendre le paiement des cotisations à l’interprofession.

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