Domaine Riberach : du tourisme d’expérience [par Yann Kerveno]

Planté à Bélesta, le domaine Riberach est un ovni touristique dans le département qui, comme tout le monde, passe la crise comme il peut. Et se réinvente.

Il fallait oser, voici une grosse dizaine d’années, aller racheter les bâtiments d’une cave coopérative délaissée pour en faire un hôtel de luxe, un restaurant gastronomique et une propriété viticole. Pari fou ? Pari tenu. Même une crise de la Covid-19 plus tard, au fil des ans, le bâtiment campé en bordure de Bélesta s’est fondu dans le paysage. Les façades aveugles se sont ouvertes, animées. Le chef, Laurent Lemal, venu là pour un bien, a fait son bonhomme de chemin, jusqu’à l’étoile Michelin, les concours du Bocuse, de la renommée acquise au tournant du talent. “Laurent a beaucoup fait pour la réputation et donc la fréquentation de l’établissement, il nous a permis de faire connaître cette destination à l’écart des grandes voies de circulation… Mais il a souhaité, et c’est normal après dix ans, vivre de nouvelles aventures ailleurs, de nouveaux challenges” explique Luc Richard, propriétaire avec Karin Püringher de ce vaste bâtiment à qui ils ont redonné vie.

Clientèle de Perpignan
C’est Julien Montassier, l’ex second de Laurent Lemal qui a pris commande du piano depuis, à l’aube de la crise de la Covid, au début de l’année. Crise qui remet bien des schémas en cause. “Comme tout le monde, nous avons vécu un printemps fait d’annulations en cascades et de fermeture administrative, les gens ne pouvaient pas bouger. Puis, un été lors duquel on n’a pas touché terre, la fréquentation a été très bonne. Mais depuis la rentrée, c’est retombé. On retiendra quand même une chose positive, c’est que cette année, on a vu de la clientèle de Perpignan, ce n’est pas trop tard” ajoute, un peu en persiflant, Luc Richard. De fait, confirmant ce qui se dit partout ailleurs, le soufflé est retombé. La clientèle d’arrière saison n’est pas là, ni retraités français, ni touristes étrangers. “Chez nous, la clientèle étrangère, c’est 47 % de la fréquentation l’an dernier, contre 17 % en moyenne pour le département” explique-t-il. L’occasion de réfléchir à ce que doit devenir le tourisme aujourd’hui en milieu rural.

Une expérience complète
“Je crois que désormais la clientèle ne se satisfait pas d’un simple hébergement ou d’un repas gastronomique. Elle a aussi besoin, envie, d’une expérience complète.” Pour répondre à cette demande, l’hôtel développe des produits particuliers capables d’être plus séduisants, des produits ancrés dans ce terroir des Fenouillèdes, Wine safaris avec grillades, levers de soleil au Pic Aubeil, le point culminant des alentours, des brunch yoga, des animations avec le musée de la préhistoire du village. “C’est de l’œnotourisme, il faut que les gens qui viennent jusqu’à nous puissent découvrir ce qu’est ce pays, la géologie, la culture… Ce qu’est l’essence de ce coin en somme” ajoute-t-il.
Pour ce qui est du domaine viticole adossé à l’hôtel et au restaurant, la fortune de l’année aura été conforme à ce qu’elle a été pour les autres vignerons du département. Difficile. “Heureusement pour nous que le marché américain à tenu ses promesses, parce que pour ce qui est du marché national, avec la fermeture des cavistes et des restaurants, nous faisons une petit année !”

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