Côtes Catalanes : des questions pour l’avenir [par Yann Kerveno]
Sortir de l’interprofession ? Quels cépages planter ? Bulles ? Les sujets ne manquaient pas à l’AG des Côtes Catalanes.
Lors de l’assemblée générale de l’IGP des Côtes Catalanes, Laurent Girbau a mis sur la table plusieurs questions sur l’avenir de la dénomination d’origine. Celle du maintien de l’IGP au sein du Conseil interprofessionnel des vins du Roussillon, celle du recours au Laboratoire Roussillon Origine pour les certifications, celle de l’agrément de nouveaux cépages ou encore celle d’intégrer la production de bulles dans le cahier des charges… “Nous avons évoqué la question du CIVR en conseil d’administration au motif que nous ne nous retrouvons pas dans les actions de l’interprofession, sauf pour les vingt ans de notre appellation. Nos vins sont consommés essentiellement dans le département, vendus essentiellement, pour les deux tiers, en vente directe… Nous pensons que nous avons beaucoup à faire ici avec le tourisme, à la mer ou la montagne alors que la consommation de vin s’ancre un peu plus hors du foyer” expliquait le président de l’IGP.
Pour faire quoi ?
“Nous avons décidé de créer une commission pour se pencher là-dessus. Avec trois pistes à étudier avant la mise en chantier des prochains accords triennaux, fin 2024. La sortie pure et simple du CIVR, le maintien, la baisse des CVO qui sont supportées essentiellement par les vendeurs en directs qui payent donc deux fois pour un montant de 300 000 euros par an. Mais avant de prendre la décision de sortir, il faut savoir pour faire quoi à la place et avec quels moyens ? La question est ouverte et il n’y a plus à avoir de tabous.”
Autre sujet qu’il souhaitait évoquer sans tabou, LRO, dont le service a, selon lui, généré “pas mal de plaintes et on ne comprend pas pourquoi cela pose problème alors que c’est une émanation de la profession… Il faut donc là aussi, sans tabou, regarder ce qui se fait ailleurs et à quel prix !”
Nouveaux cépages
Face aux éléments, qu’ils soient du marché ou du climat, les appellations doivent évoluer, vite. L’assemblée générale a proposé plusieurs modifications du cahier des charges. La première concerne l’enregistrement de nouveaux cépages à la suite d’une enquête menée auprès des opérateurs, qu’ils soient coopérateurs ou vignerons indépendants. Le cépage qui fait le plus l’unanimité est le carignan gris, il en existe actuellement un peu moins de cinq hectares et les intentions de plantation s’élèvent, selon l’enquête, à sept hectares pour les cinq prochaines années.
Deux autres familles étaient proposées, les cépages résistants et les cépages étrangers dont les dossiers techniques ont été instruits à Tresserres par la Chambre d’agriculture. Pour les cépages résistants, c’est le floréal qui recueille le plus d’avis favorables des producteurs devant le voltis tandis que le cépage espagnol verdejo, fer de lance de l’appellation Rueda et le cépage catalan xarel.lo suscitent le plus d’intérêt dans la famille des cépages étrangers. En conséquence, les résistants artaban, floréal, vidoc, voltis, les étrangers agiorgitiko, assyrtiko, calabrese, verdejo et xarel.lo et le carignan gris vont faire l’objet d’une demande d’inscription dans le cahier des charges de l’IGP.
Bulles ?
Autre sujet qui suscite des convoitises, les bulles. Laurent Girbau proposait d’inclure la production de bulles dans le cahier des charges de l’IGP Côtes catalanes. Mais l’affaire est juridiquement complexe, comme le signalait Agnès Jaubert, directrice du syndicat, en raison de la grande agressivité des crémants sur le sujet en émettant systématiquement des recours. 15 au total, dont 13 gagnés. Les deux seuls dossiers à être passés sont ceux qui ont pu amener preuve de la production historique de bulles sur leur terroir. “Mais peut-être que la solution est de créer une nouvelle appellation si cela se justifie” proposait Jean-Philippe Mari, président des Côtes du Roussillon depuis la salle.
Désalcoolisation
En attendant, les producteurs pourront toujours se pencher sur la question de la désalcoolisation dont le principe est aujourd’hui accepté et cadré par l’Union européenne. Avec la possibilité de faire descendre le taux d’alcool entre 0,5 et 9°, mais pas à moins de 5° quand même selon les recommandations de l’INAO. Trois techniques sont homologuées : l’évaporation sous vide partiel, les techniques membranaires ou la distillation, techniques qui ne génèrent pas de défauts organoleptiques des vins.